POW-WOW - La discussion promet d'être longue et houleuse. Mardi 3 mai s'ouvre à l'Assemblée nationale le débat sur la loi Travail, texte polémique qui suscite toujours l'opposition ferme d'une partie du groupe PS. Et notamment des frondeurs, qui maintiennent que ce texte n'est "pas votable". Un désaccord manifeste qui n'empêche pas la ministre en charge de dialoguer avec eux. Au contraire.
Ainsi, selon les informations du Lab, Myriam El Khomri a-t-elle demandé à recevoir, ce lundi après-midi, quatre élus PS étiquetés frondeurs : Laurent Baumel, Christian Paul, Pascal Cherki et Fanélie Carrey-Conte. Soit le noyau dur de cette contestation interne au groupe PS. Plus tôt dans la journée, elle avait également reçu en solo Benoît Hamon, ancien ministre devenu frondeur.
Auprès du Lab, Laurent Baumel qualifie cette rencontre de "franche et cordiale" et souligne le "respect de nos convictions" témoigné par la ministre du Travail. Christian Paul, lui, y a vu une "ambiance sérieuse" et un "débat pas médiocre", tout en estimant qu'il s'agit là du "minimum vital que l'on se doit de part et d'autre". Sans surprise, aucun casus belli majeur n'a été solutionné lors de cet entretien. Mais ce dernier témoigne d'une ouverture dont tous, dans les rangs socialistes, ne font pas preuve. L'un des participants persifle :
"Le matin, Christophe Sirugue [rapporteur PS du texte, ndlr] explique au 'Parisien' qu'il y a des députés 'de bonne foi' qui s'opposent au texte et d'autres 'de mauvaise foi' avec qui on ne peut pas discuter. Et l'après-midi, on est reçus par la ministre...
"
Contacté par Le Lab, l'entourage de la ministre confirme que cette rencontre a eu lieu à sa demande. "On essaye la main tendue jusqu'au dernier moment", fait-on valoir, ajoutant que Myriam El Khomri était "plutôt contente du fond ces échanges".
Pendant ce temps et dans un tout autre état d'esprit, une "source gouvernementale" indiquait au Point que "le gouvernement envisage en effet de passer la loi au 49.3"...
De leur côté, après cette réunion, les frondeurs en ont remis une couche. Dans un communiqué de presse siglé "A gauche pour gagner", les membres du courant de l'aile gauche du Parti socialiste (porté par Christian Paul) ont dit refuser de "graver dans la loi l'affaiblissement du code du travail et des droits des salariés". Et d'ajouter :
"Ce projet n'est pas utile à la France et pour l'intérêt général, il n'est pas conforme aux réformes que l'on attend d'un gouvernement de gauche. [...] Nous demandons aux députés de l'Assemblée nationale d'agir avec nous pour que ce texte soit transformé en profondeur, expurgé de ses dispositions régressives, ou à défaut, repoussé.
"
Ils ont notamment regretté : "L'insécurité des salariés ou le recours à des heures supplémentaires moins rémunérées ne feront pas baisser le chômage". Ils ont également observé que "les licenciements seront facilités d'abord dans les grands groupes si les articles qui les concernent ne sont pas supprimés".
Dimanche, Myriam El Khomri avait réaffirmé qu'elle ne retirerait pas ce projet de loi, malgré les nombreuses protestations des syndicats, de la gauche mais aussi de la droite, opposée à la version modifiée du texte.
Le même jour, des députés proches de Martine Aubry avaient signé un appel contre le vote de ce texte en l'état, estimant qu'il était "encore temps" de trouver "une voie nouvelle" pour réformer le Code du travail, notamment en donnant "du contenu" au compte personnel d'activité. Jean-Marc Germain, député aubryste, avait d'ailleurs aussi eu droit à son rendez-vous d'une heure avec la ministre vendredi dernier.
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