Le multiplex politique du 1er mai avec Myriam El Khomri, François Bayrou, Jean-Luc Mélenchon, Louis Aliot et Bruno Le Maire

Publié à 09h59, le 01 mai 2016 , Modifié à 10h59, le 12 mai 2016

Le multiplex politique du 1er mai avec Myriam El Khomri, François Bayrou, Jean-Luc Mélenchon, Louis Aliot et Bruno Le Maire
François Bayrou, Jean-Luc Mélenchon, Myriam El Khomri, Louis Aliot et Bruno Le Maire © Montage via AFP

#MULTIPLEXPOLITIQUE – C’est dimanche, et comme chaque dimanche, c’est le jour de notre multiplex politique. Tout au long de la journée et des interviews politiques dominicales, le Lab se plie en quatre (voire plus) pour vous proposer ses morceaux choisis de ces rendez-vous.

Au programme de ce 1er mai : Myriam El Khomri, François Bayrou, Jean-Luc Mélenchon, Louis Aliot et Bruno Le Maire.

  • Deuxième partie

>> Louis Aliot, BFM politique


#Ennemis

S'il en est un qui connaît Jean-Marie Le Pen, c'est Louis Aliot. Celui qui fut son coordinateur de la campagne présidentielle en 2002 regarde d'un mauvais œil, aujourd'hui, le parcours du "Menhir". Il critique surtout les gens qui entourent désormais le patriarche Le Pen, comme ce fut le cas lors de l'hommage à Jeanne d'Arc :

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Il ne peut pas y avoir de conciliation avec les ennemis de Marine Le Pen et du Front national. Or Jean-Marie Le Pen est bien gentil. Il tient sa réunion devant 300 personnes mais les gens qu'il a autour sont un chapelet d'extrémistes de tout poil qui n'ont qu'une seule chose, non pas l'amour de la France mais la haine de Marine Le Pen et de ce que représente aujourd'hui le Front national.

 

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Louis Aliot cite, pour l'exemple, la présence du directeur de Rivarol Jérôme Bourbon et de personnes du Renouveau français. "Tout ça était au chevet de Jean-Marie Le Pen, c'est-à-dire précisément les gens que Jean-Marie Le Pen a contentieusement écarté tout au long de son parcours politique et qui ont fini par l'insulter d'ailleurs".  

Il ajoute :

 

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Moi, ça m'attriste

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#Modèle Mitterrand

Louis Aliot considère que, si Marine Le Pen est élue présidente de la République en 2017, c'est que le peuple français aura voulu effectuer une "révolution démocratique par les urnes". Et pour expliquer que le FN au pouvoir ne provoquera pas le cataclysme annoncé par certains, le n°2 du FN se réfère à l'histoire, et notamment à… François Mitterrand :

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Tout le monde disait 'si Mitterrand passe, il y aura les chars soviétiques dans la rue'. Bon… Mitterrand est passé. Ça c'est mal passé par la suite mais la transition démocratique a été assurée, les institutions ont été pérennisées et Mitterrand a eu une majorité pour gouverner. Eh bien si demain Marine Le Pen prend le pouvoir par l'élection présidentielle, il y aura une majorité parlementaire de rassemblement national.

 

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Mitterrand comme exemple ? Voilà qui a de quoi surprendre de la part de Louis Aliot qui rappelle régulièrement que l'ancien président socialiste fut décoré, durant la Seconde Guerre mondiale, de la Francisque du maréchal Pétain

>> Bruno Le Maire, Cpolitique (France 5)


#Cameron, Renzi, donc moi

Bruno Le Maire a l'habitude de rappeler qu'il est plus jeune que ses rivaux à la primaire de la droite. Nouvel exemple ce soir: il oppose en creux sa fraîcheur au sentiment d'habitude qu'inspireraient aux Français Nicolas Sarkozy, Alain Juppé et François Fillon:

 

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Vous avez en face de moi un ancien président de la République, deux anciens premier ministre qui sont dans la vie politique française depuis 30-40 ans, donc forcément, les Français s’y sont habitués.

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Bruno Le Maire est lui élu depuis 2007, soit neuf ans. Pour le député de l'Eure, les Français feraient preuve "d'audace" en l'élisant président de la République, comme les Anglais et les Italiens quand ils ont voté pour David Cameron et Matteo Renzi:

 

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Il faut que je leur montre qu’il est possible de prendre quelqu’un de la nouvelle génération. Que la Grande-Bretagne a eu l’audace de prendre Monsieur Cameron, que l’Italie a eu l’audace de prendre Monsieur Renzi. Eh bien, la France à la primaire peut avoir l’audace de me choisir.

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#CDD à vie

Bruno Le Maire propose une réforme-choc pour lutter contre le chômage: le CDD "renouvelable sans limites". Face à une fonctionnaire CGT qui estime que sa proposition revient à instaurer une "précarité à vie", le candidat à la primaire s'explique:

 

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Ce que je propose, c'est un CDD avec des droits croissants à chaque renouvellement. [...] Un CDD à droits croissants renouvelable sans limites amènera automatiquement l'entrepreneur à le faire basculer en CDI.

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Voilà qui mettrait en tout cas fin aux questions-piège de Jean-Jacques Bourdin sur le nombre de renouvellements possibles d'un CDD...

  • Première partie

>> Myriam El Khomri, Le Grand Rendez-Vous iTélé/Europe 1/Le Monde

#La gauche, c'est ma famille

Alors que les débats sur la loi Travail vont commencer la semaine prochaine à l'Assemblée, Myriam El Khomri a affirmé qu'elle ne retirerait pas ce projet de loi malgré les nombreuses protestations des syndicats, mais aussi de la droite, opposée à la version modifiée du texte. Une nouvelle fois, la ministre du Travail a défendu sa loi dont la "philosophie" la "convainc à 100 %" :

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J’ai pas du tout le sentiment de tourner le dos à ma famille politique à gauche. Absolument pas. Mais comme disait Jaurès : 'Pour aller vers l’idéal, il faut comprendre le réel'.

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Et la ministre de dénoncer le "réel", c'est-à-dire le "contournement du droit du travail" auquel sa loi veut remédier en "développ[ant] des droits pour les salariés en phase avec le monde d’aujourd'hui".

#Réparer les erreurs

Alors que le président de la République a assuré que "ça va mieux", le Premier ministre a reconnu, dans une interview au magazine Society, que plusieurs erreurs avaient été commises pendant le quinquennat. Myriam El Khomri a donc concilié ces deux discours, pointant dans un premier temps "l'état du pays" en 2012, puis reconnaissant "des erreurs" au début du quinquennat :

 

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S’agissant de l’apprentissage, nous avons commis en effet des erreurs en début de quinquennat. [...] Nous avons pris des décisions, en matière de financement de l’apprentissage, qui ont donné un mauvais signal aux entreprises. Depuis, nous avons réparé nos erreurs, et d’ailleurs le nombre d’entrées en apprentissage ont [sic] augmenté de 5% cette année. [...] Donc oui, il faut savoir reconnaître les erreurs mais surtout les réparer.

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Selon la ministre du Travail, il y a donc eu "des erreurs" en début de quinquennat, mais le gouvernement a su les "réparer". Ce qui fait qu'aujourd'hui, ça va mieux. CQFD.

>> François Bayrou, Le Grand Jury, RTL/Le Figaro/LCI

#Vous n'avez pas le monopole de la cervelle

Nicolas Sarkozy a eu des mots plutôt sévères envers les participants à Nuit Debout, qu’il a qualifiés de "gens qui n’ont rien dans le cerveau"  (avant de préciser que "c'est leur pensée qui est vide" ). Un jugement que condamne François Bayrou, qui en profite pour sermonner l’ex-président :

 

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J’emploie pas des mots comme ça. Croire qu’on est le seul à avoir de la cervelle, des neurones comme il dit, et que le reste de la société est complètement à côté de la plaque et dément ou absence de conscience, ça me paraît trop simpliste.

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Et le président du MoDem d’ajouter : "J’exprime mon jugement sur Nicolas Sarkozy sans précaution". Tout comme Nicolas Sarkozy.

#C'est la lutte finale

72% des Français estiment que la lutte des classes est une réalité, selon un sondage paru ce dimanche 1er mai. Un avis partagé par le maire de Pau qui estime que "oui, la lutte des classes est une réalité." Le président du MoDem serait-il pour autant marxiste ? Il s’en défend, mais dénonce des "recherches de privilèges et de défenses de privilèges". Et assure que c’était mieux avant. La preuve ? Son propre parcours :

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Autrefois, il y a quelques décennies, on pouvait venir du Béarn profond, du pied des Pyrénées, de milieux sans argent et faire le chemin. On y arrivait parce que l’école offrait ça. Aujourd’hui, on n’y arrive plus.

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Voilà donc pourquoi François Bayrou est centriste (et pas de droite).

#Candidat sans le dire

François Bayrou l’a dit et répété : il est contre la primaire de la droite et du centre. Le maire de Pau a même conseillé à Alain Juppé de ne pas passer par ce scrutin pour être candidat à 2017. Car selon lui, "la logique de la primaire c’est la surenchère". Il en veut pour preuve la dernière sortie de Bruno Le Maire sur le RSA . Se portera-t-il pour autant candidat, pour la quatrième fois, si Alain Juppé ne sort pas vainqueur de la primaire ? On vous laisse juger de sa réponse :

 

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Si Alain Juppé n’est pas choisi, j’exercerai ma liberté. Je ferai les choix nécessaires pour que ce que je crois précieux pour l’avenir du pays soit représenté dans l’élection présidentielle, et non seulement représenté mais entendu et soutenu par les Français.

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>> Jean-Luc Mélenchon, 12/13 Dimanche France 3


#Manipulation

Jean-Luc Mélenchon n'apprécie pas vraiment le reportage diffusé par France 3 durant son interview à propos des débordements observés durant les manifestations contre la loi El Khomri . Des policiers été blessés, des véhicules incendiés. A Rennes, un jeune manifestant a perdu l'usage d'un œil . Le reportage de France 3 parle de ces échauffourées. Interrogé sur ce sujet, l'eurodéputé s'indigne :

 

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Laissez-moi protester contre vos images parce que c'est une manipulation. On voit exclusivement des gens encagoulés qui assaillent des forces de police. On ne voit aucune autre violence et on résume tout mouvement de la loi El Khomri a ce genre de barbarie. […] Non non non, c'est de la manipulation. Il y a un jeune homme qui a perdu un œil d'un tir tendu. Il y a des gens qui se font tirer par les cheveux, rouer de coups à terre. Ce n'est pas la morale de la police républicaine qui est mise en œuvre.  

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Et Jean-Luc Mélenchon de critiquer le gouvernement, pointant du doigt la responsabilité de Bernard Cazeneuve. Il fustige ce même gouvernement qui demande aux syndicats "de garantir la paix et l'ordre dans les manifestations". "C'est à la police républicaine de maintenir l'ordre quand il est perturbé". Cela ne signifie pas que Jean-Luc Mélenchon soutienne ces violences, bien au contraire. "Les nôtres, en aucun cas ne doivent s'associer à ces violences. En aucun cas. Nous n'avons aucune gloire à tirer du fait qu'un policier soit grièvement blessé par une pierre. Aucune gloire ! Ça me fait mal au cœur, pour lui comme pour le môme qui a perdu son œil", dit-il.

Il ajoute, alarmiste :

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Au rythme où on va, quelqu'un va mourir

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#Vive le Québec libre

Jean-Luc Mélenchon a effectué, fin avril, un déplacement au Québec. Interrogé sur la fameuse phrase du général de Gaulle "Vive le Québec libre" , l'eurodéputé approuve. mais explique pourquoi il ne l'a pas prononcée au Canada :

 

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Je peux le dire ici, chez moi, en France. Il aurait été très malvenu de le faire là-bas parce que les Français aiment tellement le Canada, et surtout le Québec, qu'ils finissent par oublier que c'est un autre pays. On ne va pas là-bas dire ce qu'il faut faire.

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Une phrase qui peut sonner comme une critique du voyage, également au Québec, de Marine Le Pen, un déplacement au cours duquel la présidente du FN, en plus d'être plusieurs fois chahutée, avait lourdement attaqué les politiques en place au Canada .

Jean-Luc Mélenchon en profite pour faire la promotion de la francophonie. "La francophonie sera le troisième groupe linguistique du monde aux alentours de 2060. La francophonie pourrait devenir un espace politique au lieu de cette absurdité qu'est l'Union européenne qui est une espèce de vieux souvenir du XIXe siècle. Cet espace politique-là serait magique", lance-t-il. 

#500

En février dernier, Jean-Luc Mélenchon a "proposé" sa candidature à la présidentielle . Il assure aujourd'hui avoir le soutien de 100.000 citoyens. Problème : il n'est pas sûr, en revanche, d'obtenir les 500 signatures d'élus nécessaires pour concourir à l'Élysée. Mais l'eurodéputé a un plan. "Je vais aller voir toutes les fédérations d'élus. Vous m'entendez ? Toutes ! Sauf celles d'extrême droite bien sûr, de droite, de gauche, et à tous je vais leur dire : 'je ne vous demande pas d'être d'accord avec moi, je vous demande de me permettre d'être candidat et de proposer mes idées aux Français'", dit-il avant de menacer François Hollande :  

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Si François Hollande se figure qu'il va en avoir fini avec moi et ce que je représente simplement en m'empêchant d'être candidat, il joue avec le feu.

 

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De fait, des élus PS et FN ont déjà fait part de leur *surprise* d'avoir reçu des demandes de parrainages (voir ici et ici ). 

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