APOCALYPSE NOW – La guerre n'est plus larvée. Elle est ouverte et médiatique. Marine Le Pen a beau jurer qu'il n'y a "pas de crise au FN" , il n'est plus possible de faire semblant : la crise est là. Désormais, les attaques sont publiques.
Le nouveau front oppose Florian Philippot à Louis Aliot. Entre les deux vice-présidents frontistes, le conflit était jusqu'ici implicite, à base de critiques indirectes sur les réseaux sociaux ou de gros sous-entendus sur l'omniprésence médiatique de Florian Philippot. Invité ce mardi 19 septembre sur BFMTV, ce dernier a largement répondu aux attaques, ciblant ad hominem le compagnon de Marine Le Pen. L'eurodéputé s'est notamment étonné qu'on lui demande de quitter la présidence de son association Les Patriotes mais que personne ne réclame la même chose pour Louis Aliot, à la tête d'un autre think tank, Idées Nation.
De quoi énerver le député des Pyrénées-Orientales. Interrogé par le Lab, Louis Aliot n'essaye même pas de faire semblant. Il dit :
"La paranoïa, ça se soigne. Je suis docteur en droit. Pas en médecine… Je suis mobilisé sur Perpignan, ma circo, et la refondation… Le nombrilisme ne m'intéresse pas.
"
De fait, la refondation du parti initiée après l'échec de la présidentielle et la débâcle des législatives prend des airs d'opération nettoyage au FN. La cible favorite : Florian Philippot et ses proches, obsédés par la sortie de l'euro et de l'Union européenne. Le numéro 2 frontiste est dans le viseur de Marine Le Pen. Cette dernière lui a demandé à plusieurs reprises de quitter la présidence de son association Les Patriotes, créée à la surprise générale au lendemain de la présidentielle, en pleine campagne des législatives. Florian Philippot a, selon ses mots, "un pistolet sur la tempe" . Mais cela ne semble pas l'inquiéter outre mesure : il a réaffirmé, ce mardi, son intention de ne pas quitter la présidence de son mouvement.
Pour sa défense, Florian Philippot a largement attaqué Louis Aliot. Une manière également de s'en prendre à Marine Le Pen, le député des Pyrénées-Orientales étant, à la ville, le compagnon de la présidente du FN.
Face à Jean-Jacques Bourdin, Florian Philippot a donc rappelé que Louis Aliot est, lui aussi, à la tête d'un think tank :
"Je note que d'autres vice-présidents comme Louis Aliot sont également président d'association, Idées nation, qui sont des think tank, qui ont déjà organisé des colloques et qu'on ne leur a jamais rien demandé. […] Si après le problème est personnel. J'ai rappelé que pour Louis Aliot, il n'y avait pas eu de problèmes. Ça n'a jamais été posé.
"
Cette attaque est d'autant plus intéressante que certains colloques organisés par Idées Nation ont pu susciter la polémique par le passé. Durant le débat de l'entre-deux-tours de la présidentielle, Emmanuel Macron avait par exemple accusé le FN d'avoir fait "participer" des représentants de l'UOIF à des réunions. De fait, Camel Bechikh, membre de la controversée UOIF, a bien été invité à l'un des colloques du club Idées Nation . "Il ne venait pas en tant que UOIF, il venait en tant que Camel Bechikh, qui est Français comme vous et moi", s'était défendu en mai dernier Louis Aliot, sur Europe 1 .
Mardi, Florian Philippot a également répondu aux attaques voilées de son camarade frontiste, dimanche, à Saint-Laurent-de-la-Salanque. "La politique ne consiste pas à se pavaner à la télévision, elle consiste à être sur le terrain, en expliquant qui nous sommes, ce que nous voulons", avait déclaré Louis Aliot selon des propos rapportés par Le Monde . Une manière de cibler, évidemment, l'omniprésence médiatique de Florian Philippot.
Ce dernier s'est défendu. "J'applique la plénitude de ce qu'est un responsable politique, c'est-à-dire me battre sur mes mandats, me battre sur le terrain et également utiliser les médias", a-t-il lancé, ajoutant :
"Je ne vise pas forcément Louis [Aliot] mais là-aussi, la télévision rend fous ceux qui n'y vont pas, ou ceux qui ne sont pas invités.
"
Ou comment provoquer l'effet inverse de la précision initiale et moquer, sans le dire, la moindre exposition médiatique de Louis Aliot.
L'escalade verbale n'en finit plus. Les coups sont lâchés et médiatisés. Mais non, "il n'y a pas de crise au FN", maintient Marine Le Pen.
Bref, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, comme dirait Panglos.