La question de la peine de mort est à nouveau posée en France. Non pas que le gouvernement d'Édouard Philippe envisage de rétablir la peine capitale dans le pays mais plutôt parce que des djihadistes français pourraient être prochainement jugés en Irak ou en Syrie et pourraient donc être condamnés à mort. Que fera la France dans ce cas ? Intervenir, comme l'a suggéré dimanche 28 janvier la ministre de la Justice Nicole Belloubet ? Ou laisser faire ? Depuis 1977, aucun citoyen français n'a été exécuté. Voir des djihadistes français condamnés à mort serait donc une première depuis plus de 40 ans.
Pas de quoi émouvoir Louis Aliot. Invité de franceinfo: ce mardi 30 janvier, le vice-président du FN considère qu'il ne faut pas empêcher les djihadistes français d'être exécutés s'ils sont condamnés à la peine capitale. Et tant pis si cela revient, de fait, à être favorable à la peine de mort pour ces criminels-là. Louis Aliot rétorque :
"J'y suis favorable, de toute façon. Alors je deviens un peu seul dans mon parti désormais mais j'y ai toujours été favorable pour les crimes plus abominables et les terroristes effectivement.
"
Et Louis Aliot de préciser ce qu'il entend par crimes "abominables", parlant des "viols d'enfants avec actes d'atrocité", des "meurtres" d'enfants, etc. C'était ce que prévoyait Marine Le Pen lors de la campagne présidentielle de 2012. La candidate frontiste prônait la peine capitale pour "les crimes les plus graves" mais aussi pour "les trafiquants de drogue" .
Durant la présidentielle 2017, Marine Le Pen avait en revanche exclu de son programme le retour en France de la peine de mort. Mais elle avait prévu de laisser les Français le proposer via un référendum d'initiative populaire. "Le Front national a toujours été pour" la peine de mort, rappelait à l'époque Louis Aliot.
Selon une enquête Ipsos datant d'avril 2016, 89% des sympathisants FN se disaient favorables à un retour de la peine de capitale en France. Louis Aliot n'est sans doute pas aussi seul qu'il veut bien le croire.
[BONUS TRACK] Savon sur la planche
Qui conduira la liste Front national lors des prochaines élections européennes ? La question agite le parti d'extrême droite, permettant aux différentes chapelles de s'affronter sous couvert de scrutin lointain. Début janvier, le député Sébastien Chenu avait indiqué que la tête de liste FN aux européennes ne sera "pas forcément" adhérent du parti , suggérant publiquement que le choix de Nicolas Bay à cette place, comme cela semblait vouloir se dessiner, n'était pas du tout arrêté.
Nouvelle salve ce mardi 30 janvier. Sur franceinfo:, Louis Aliot savonne aussi la planche de Nicolas Bay en laissant entendre qu'il pourrait, lui aussi, mener la liste frontiste :
"Je ne dis pas non. Je le ferais dans l'intérêt de mon mouvement. […] [Si c'est le cas] je prendrais les dispositions nécessaires et j'irais mais pour l'instant on est loin et ce n'est pas le cas. Je ne suis pas candidat et il n'y a pas d'appel à candidatures.
"
Pas d'appel à candidature mais des noms avancés, comme celui de Gilbert Collard par exemple. Nicolas Bay appréciera de voir sa planche ainsi savonnée.