Macron et costard : Jean-Marie Le Guen minimise et pointe la responsabilité du militant anti-loi Travail

Publié à 10h14, le 30 mai 2016 , Modifié à 17h08, le 30 mai 2016

Macron et costard : Jean-Marie Le Guen minimise et pointe la responsabilité du militant anti-loi Travail
Jean-Marie Le Guen © FRANCOIS GUILLOT / AFP

#SOUTINE – En tant que proche de Manuel Valls (certains parlent de "mauvais génie"), Jean-Marie Le Guen n’est peut-être pas le plus grand fan d’Emmanuel Macron et du flou que ce dernier entretient sur ses éventuelles ambitions élyséennes. Mais ce lundi 30 mai, le secrétaire d’État chargé des Relations avec le Parlement monte au soutien de son collègue ministre de l’Économie, qui a passé un week-end mouvementé.

Interrogé sur France Info sur ce fameux "la meilleure façon de se payer un costard, c'est de travailler" lancé par Emmanuel Macron à un militant anti-loi Travail à Lunel (Hérault) vendredi 27 mai, Jean-Marie Le Guen minimise clairement la polémique qui s’en est suivie. Il le fait en deux temps : 1) il dégonfle d’abord la prétendue signification de l’échange, avant de 2) rejeter en grande partie la faute sur le manifestant.

# Y’a pas mort d’homme

"Si j’ai bien compris, cet échange un peu polémique a duré plusieurs dizaines de minutes, donc il y a un peu d’énervement à la fin, bon voilà. Est-ce qu’il faut en tirer une philosophie politique ? Je ne le crois pas", explique Jean-Marie Le Guen pour commencer.

Tout cela fait donc *un peu* jaser, mais tout le monde exagère aussi sur un instant de léger "énervement" qui ne représente pas la teneur de l’échange et encore moins la "philosophie politique" d’Emmanuel Macron, selon le secrétaire d’État.

# Il l’a bien cherché

Ce dernier, relancé sur le sujet par le chroniqueur Guy Birenbaum, explique ensuite que tout ça est quand même un peu de la faute de la personne qui interpellait le ministre de l’Économie :

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- Guy Birenbaum : C’est pas un problème de philosophie politique, expliquer devant une caméra, face à des gens qui n’ont pas de travail, que le t-shirt est problématique et que pour le costard il faut…



- Jean-Marie Le Guen : Enfin le t-shirt, il y avait quelque chose de marqué dessus, voilà.



- Guy Birenbaum : Rien de terrible…



- Jean-Marie Le Guen : Non rien de terrible, m’enfin c’était une manifestation politique, c’est tout.

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Cette "manifestation politique" évoquée par le membre du gouvernement était, comme on peut le voir sur cette photo, un message pro-Palestine :

C’est cette revendication de "liberté pour la Palestine" qui peut donc expliquer en partie la suite de l’échange, selon Jean-Marie Le Guen. Mais ce n’est pas tout. Cet opposant à la loi Travail ne faisait pas que porter un t-shirt "politique". Il a aussi un peu cherché l’affrontement, le tout avec des arguments qui laissent à désirer. Enfin, toujours selon Jean-Marie Le Guen, qui poursuit :

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- France Info : Est-ce que c’était une maladresse ?



- Jean-Marie Le Guen : Je vous dis pas forcément le contraire, mais attendez. Quand on se met dans une situation de polémique face à face avec des arguments qui n’en sont pas toujours non plus, avouez que dire ‘le costard’ etc, bon je suis en costard, vous êtes en costard…



- Guy Birenbaum : Pas moi [rires]



- Jean-Marie Le Guen : Monsieur Birenbaum vous êtes pas en costard, je suis en costard, vous allez pas me reprocher d’être venu en costard. Tout simplement pour vous dire qu’il y a un peu de polémique, ne tombons pas dans cette polémique, évidemment lorsqu’on est filmé, il faut faire doublement attention sur la polémique qui peut être déclenchée.

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D’après un journaliste de L’Express qui cite un "témoin de la scène", la petite phrase d’Emmanuel Macron a été lâchée en réponse à cette attaque du manifestant : "Vous, avec votre pognon, vous achetez des costards". Argument invalide, juge donc le secrétaire d’État aux Relations avec le Parlement.

Ou comment défendre un collègue du gouvernement accusé de mépris de classe en renvoyant la responsabilité de la polémique sur un militant syndicaliste.



À LIRE SUR LE LAB :

> La leçon de Jean-Marie Le Guen à la CGT qui "ne comprend pas le monde"

[BONUS TRACK]

La défense d’Emmanuel Macron par Jean-Marie Le Guen n’est pas terminée. L’interview porte ensuite sur la "campagne" que mène le résident de Bercy, avec son mouvement "En Marche". Terme que le secrétaire d’État, là encore, minimise, avant de carrément expliquer qu’Emmanuel Macron est aussi un peu une victime dans cette histoire :

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‘Campagne’, ça me paraît… peut-être qu’il faut pas non plus surestimer ce qui se passe, voilà. […] Je ne crois pas une seconde qu’il sera candidat à l’élection présidentielle. Non, je pense que notre candidat sera François Hollande, donc tout le reste est de la spéculation. Est-ce qu’il faut parfois, quand on est soi-même l’objet de cette spéculation, laisser faire cette spéculation, je pense que ce n’est pas toujours… Ça peut y compris être difficile pour celui qui peut être l’objet d’une spéculation. Parce que vous savez, hop, tout d’un coup vous êtes en quelque sorte pris dans ce jeu et pour en sortir, ce n’est pas facile.

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