Florian Philippot réaffirme son opposition à la théorie du "grand remplacement"

Publié à 10h10, le 30 mai 2016 , Modifié à 10h12, le 30 mai 2016

Florian Philippot réaffirme son opposition à la théorie du "grand remplacement"
Florian Philippot © Capture d'écran BFMTV

Certains rappellent à l'envi qu'au Front national, il n'y a qu'une ligne : celle portée par Marine Le Pen. Cela n'empêche pas les autres ténors du parti d'avoir leurs idées propres, même lorsqu'elles marquent une vraie ligne de fracture au sein du mouvement. Prenons l'exemple de la théorie du "grand remplacement", thèse développée par l'essayiste d'extrême droite Renaud Camus et qui veut que des Français blancs et chrétiens seraient, à terme, remplacés par une population extra-européenne,  majoritairement maghrébine et subsaharienne, de religion musulmane.

Ce lundi 30 mai, Florian Philippot a rejeté cette théorie. Invité de BFMTV , le numéro 2 du Front national explique de ne pas faire sienne cette idée selon laquelle la population française serait remplacée par d'autres de manière programmée. "Je parle de manière beaucoup plus simple", dit-il.

Il rejette le terme et – on peut en déduire - l'idéologie qu'il y a derrière. Cela ne l'empêche pas de dénoncer "l'immigration massive" en France. L'élu frontiste lance :

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Je ne parle pas comme ça parce que c'est flou, je ne sais pas ce qu'on y met derrière. Moi je sais ce que je pense. Il y a un phénomène qui s'appelle l'immigration massive dont sont responsables la droite et la gauche depuis des années et des décennies.

 

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S'il dénonce une" immigration massive", Florian Philippot refuse donc d'y voir derrière un plan défini. Déjà en 2014, au JDD , le vice-président du FN avait dénoncé "une dimension complotiste", car "s'il y a un grand remplacement, cela veut dire qu'il y a des 'remplacistes' derrière. Certains y verront une conception racialiste que nous ne partageons pas", avait-il expliqué, affirmant que le "grand remplacement", "confus", "n'est pas un terme officiel du Front national".

De ce point de vue, Florian Philippot est sur la même ligne que Marine Le Pen. Du moins si l'on parle de la ligne officielle. En 2014, la présidente du FN avait estimé que cette théorie du "grand remplacement" était "une vision complotiste" et que, par conséquent, elle n'y adhérait pas.

Mais au Front national, de nombreux élus partagent pourtant cette idée du "grand remplacement". Marion Maréchal-Le Pen, par exemple, l'a expliqué encore en avril sur le plateau du Grand Jury . "Il y a un remplacement de population et avec un remplacement culturel", avait affirmé la députée FN du Vaucluse. "C'est une réalité sur un certain nombre de territoires aujourd'hui", avait-elle encore déclaré.

La cadette de l'Assemblée nationale est loin d'être un cas isolé au Front national. Le sénateur-maire de Marseille Stéphane Ravier avait ainsi parlé du "grand remplacement" lors de l'université d'été du FN , en septembre 2015. Après avoir expliqué que Marseille était la "capitale européenne de la culture de cannabis", le frontiste s'était appuyé sur cette théorie pour dénoncer l'immigration en France. "Comment ne pas parler du grand remplacement ?" s'était-il interrogé.

En octobre 2015, choqué par la représentation de Marianne en réfugiée dans une mairie du Val-de-Marne, Wallerand de Saint Just avait, pour sa part, estimé que cette image en disait long sur "le remplacement de notre civilisation" .

Gilbert Collard a également évoqué cette théorie dès novembre 2014. Si, comme Marine Le Pen, il réfutait l'idée d'une "opération programmée, complotiste, pour installer en France un grand remplacement", le député RBM du Gard avait néanmoins considéré que "tous les risques d'un grand remplacement" étaient aujourd'hui réunis en France .

Le "grand remplacement" a aussi été largement commenté le week-end dernier lors des "Rendez-Vous de Béziers" organisé par Robert Ménard. Si elle est sensée marquer une ligne de fracture au sein de l'extrême droite, c'est donc plutôt entre Florian Philippot et les autres que la théorie du "grand remplacement marque une vraie séparation.

Quant à Marine Le Pen, elle dénonce, officiellement, cette théorie. En janvier 2016, le magazine Envoyé Spécial avait cependant diffusé une vidéo de la présidente du FN, en meeting dans les Pyrénées-Orientales en mars 2011. "Comment pourrions-nous nous satisfaire de voir nos adversaires poursuivre leur œuvre de ruine morale et économique du pays, de le livrer à la submersion par un remplacement organisé de notre population, d'asservir notre peuple  la dictature des marchés ?" avait-elle déclaré devant ses sympathisants. 

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