TELLE EST LA QUESTION - "Grand remplacement" or not "grand remplacement" ? Le Front national est un peu embêté face à cette théorie de l'écrivain Renaud Camus, proche du parti frontiste. Une théorie largement reprise par les milieux d'extrême droite et qui développe l'idée selon laquelle le peuple français "de souche" serait à terme remplacé par d'autres peuples immigrés, en particulier venus du Maghreb et d'Afrique.
La question divise notamment la famille Le Pen : si Jean-Marie croit à ce "risque", Marine, elle, "ne participe pas de cette vision complotiste" qui "suppose un plan établi". Gilbert Collard, pour sa part, se situe entre les deux. Le député RBM du Gard explique sa position sur le "grand remplacement" dans une vidéo mise en ligne lundi 10 novembre. L'élu y est "interviewé" par son assistant parlementaire, Nicolas Meizonnet.
Gilbert Collard commence par se dire "d'accord" avec la présidente du parti d'extrême droite : "Je ne crois pas à une opération programmée, complotiste, pour installer en France un grand remplacement." Il explique ensuite avoir "beaucoup d'estime" pour le "grand écrivain" et l'"homme remarquable" qu'est Renaud Camus.
Puis il détaille le fond de sa pensée. Et selon lui, "tous les risques d'un grand remplacement" sont aujourd'hui réunis :
"Je pense qu'il y a tous les risques d'un grand remplacement. Je dis pas qu'il y est, je dis qu'il y a tous les risques. Le communautarisme est un de ces risques. L'immigrationnisme (sic) est un de ces risques, c'est-à-dire la culture complètement aveuglée d'une immigration sans limites.
[...] Je pense que les attaques contre notre histoire, le fait que notre culture, notre civilisation est judéo-chrétienne et qu'on ne le dit pas, qu'on ne le défend pas... Tout cela avec en plus cette donnée évidente qu'est la démographie et la visibilité d'une religion qui s'impose dans l'espace public, peut, tous facteurs additionnés, amener un jour au remplacement. Donc il existe des risques.
"
Une position sensiblement différente de celle de Marine Le Pen, qui dénonce une idée "complotiste" sans entrer dans autant de détails que Gilbert Collard. Ce dernier serait donc, une fois n'est pas coutume, plus proche du père que de la fille Le Pen.
Le député, qui considère qu'il "faut cesser d'avoir peur de discuter, avec respect pour tout le monde, des problèmes qui se posent", veut donc "faire en sorte que l'assimilation se fasse, sinon on va vers des moments difficiles" :
"Le drame, c'est que l'immigration, elle n'a pas abouti à une assimilation. On pourrait même dire - j'invente le terme, je ne sais pas s'il sera adapté - qu'il y a une emmigration, c'est-à-dire que l'immigration a implanté son mode de vie. Et ça c'est contraire à tous les idéaux de la République. Donc Renaud Camus n'a pas forcément tort.
"
[Bonus Track]
Comme l'explique Nicolas Meizonnet au début de la vidéo, ce numéro 54 de "Debout les mots" se déroule selon une "nouvelle règle du jeu" : Gilbert Collard n'avait pas au préalable pris connaissance des questions qui lui seraient posées. L'élu RBM abonde :
"C'est vrai, pour plus de spontanéité. C'est un risque, je serais peut-être amené à dire des conneries.
"
Et quand vient la première question, qui porte donc sur le "grand remplacement", Gilbert Collard est *légèrement* gêné :
"Alors là vous auriez dû me prévenir, parce que c'est la question vache, là.
"