SEMANTIQUE – Si l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin a appelé, vendredi sur France Inter, à limiter l'intervention française au Mali à "une opération de soutien", il regrette la méconnaissance de la situation malienne ainsi que l’utilisation abusive de l’expression "guerre contre le terrorisme".
Ainsi, l’ancien candidat putatif à l’élection présidentielle s’en est pris au concept de "guerre contre le terrorisme". Déjà, dans le JDD, Dominique de Villepin, qui ne cite pas le nom de François Hollande, voyait dans les événements maliens une illustration du fait que "le virus néoconservateur" a pu "gagner [...] tous les esprits" et s’inquiétait "des arguments de la « guerre contre le terrorisme »".
Un credo qu’il a développé, ce vendredi, sur les ondes de France Inter :
Ce n’est pas moi qui ai employé l’expression "Guerre contre le terrorisme".
Je la dénonce depuis 2001 et depuis le 11 septembre et les déclarations des néoconservateurs américains.
Son angle d’attaque est sémantique. Selon l’ancien locataire de Matignon, "on ne se bat pas militairement" contre le terrorisme.
C’est un risque majeur que de vouloir s’engager dans "une guerre contre le terrorisme", sachant qu’on ne sa bat pas militairement contre les terroristes.
On les renforce, on les légitime, on leur donne un statut…
Il faut au contraire user de la force comme une des composantes de l’action. De ce point de vue là François Hollande a tout à fait raison.
Autrement dit, Dominique de Villepin estime que, dans le cas malien, l’envoi de troupes sur le terrain et l’ouverture des hostilités contre une faction armée dépasse le cadre du terrorisme. Même si le lien est évident :
Le Mali nourrit le terrorisme. Il produit des amalgames dont nous ne devons pas être dupes.
Nous ne devons pas mettre dans le même sac, les terroristes, les islamistes, des groupes ethniques comme les touaregs qui, par nationalisme, souhaitent l’indépendance du nord Mali.
Ainsi souhaite-t-il, depuis son intervention dans le Journal du Dimanche, mettre en garde les dirigeants français. Et Occidentaux :
Depuis 12 ans, la guerre contre le terrorisme menée par l’Occident a été un échec cuisant qui n’a fait qu’aggraver le mal. Chaque nouvelle crise nourrit la suivante.
[BONUS TRACK] Toujours dans la sphère publique
Interrogé quant à sa place dans la vie politique française, Dominique de Villepin a confirmé être toujours un acteur politique. Mais à sa façon, et dans l’opposition :
Je suis là pour apporter un témoignage, apporter une expérience.
Je suis dans l’opposition tout en étant très soucieux de défendre l’union.