Marine Le Pen se réapproprie une œuvre de Banksy, artiste engagé pour les migrants

Publié à 13h40, le 16 novembre 2016 , Modifié à 13h43, le 16 novembre 2016

Marine Le Pen se réapproprie une œuvre de Banksy, artiste engagé pour les migrants
© DR

FAIL DE COM' – Marine Le Pen inaugurait, ce mercredi 16 novembre, son siège de campagne pour l'élection présidentielle de 2017, un joli QG dénommé "L'Escale" et installé rue du Faubourg-Saint-Honoré, à seulement 1,7 kilomètre de l'Élysée .

Cela n'est certainement pas un hasard : le Front national aime les clins d'œil, même les plus évidents. En témoigne donc le nom et l'adresse de ce QG, comme pour signifier à ceux qui n'auraient pas encore compris que la présidentielle n'est, dans l'esprit frontiste, qu'un chemin menant au pouvoir.

Les photos et le logo affichés dans le QG témoignent de la même volonté : s'amuser avec les codes existants pour promouvoir une symbolique propre au FN. La décoration du siège de campagne a été pensée dans ce sens. On pouvait donc apercevoir dans les salles et les couloirs des photos détournées de Clint Eastwood, "seul courageux" à s'être déclaré pour Donald Trump selon Marine Le Pen , de Brigitte Bardot, des Tontons Flingueurs ou encore d'Albert Einstein et des Rolling Stones – déjà récupéré par Donald Trump ...

Et puis, sur un mur, bien en évidence, on pouvait voir une image représentant un manifestant jetant un bouquet de roses bleues :


Cette image est loin d'être inconnue. Elle est signée Banksy, street-artist britannique présenté par certains comme un "artiviste", à savoir un artiste aux messages politiques notamment liés aux mouvements altermondialistes.

Là où le choix frontiste détonne, c'est que Banksy, dont on ignore l'identité exacte, a notamment œuvré en faveur des migrants de Calais . En 2015, il avait réalisé plusieurs œuvres dans la "jungle", et notamment une peinture de Steve Jobs, équipé d'un ordinateur et d'un baluchon . Une manière pour Banksy de signifier que le cofondateur d'Apple était le fils d'un Syrien ayant immigré aux États-Unis au milieu du XXe siècle. En août 2015, il avait également mis à la disposition des migrants les matériaux ayant servi à la construction de son parc d'attraction éphémère Dismaland .

Voir Banksy associé au Front national est donc surprenant et particulièrement pour les premiers concernés, à savoir les cadres frontistes. Ni Marine Le Pen ni certains de ses proches comme Jean-Lin Lacapelle, Steeve Briois ou encore Nicolas Bay, ne savaient qui était l'auteur de l'image ainsi affichée dans le QG de campagne. Interrogée à ce sujet par le Lab, la présidente du FN a débord répondu d'un cinglant "et alors ?", oui, mais avec le sourire. Puis elle a voulu dédramatiser :

"

C'est un détournement. On peut tout détourner. Pourquoi pas ? J'invite d'ailleurs les internautes à faire d'autres détournements et on les affichera dans le QG.

 

"

Même son de cloche du côté de Jean-Lin Lacapelle. Le secrétaire national aux fédérations FN et membre du comité stratégique pour 2017 ignore qui est Banksy, tout comme Steeve Briois. "Chacun peut penser ce qu'il veut", répond juste le maire d'Hénin-Beaumont, à l'origine d'une association de maires anti-migrants, lorsqu'on lui présente certaines opinions de l'artiste. Quant à Nicolas Bay, cette image est pour lui, comme les autres affichées, "une façon de mettre en scène notre logo". "C'est de l'humour, il ne faut pas surinterpréter", ajoute le secrétaire général du FN. Seul Sébastien Chenu, conseiller de Marine Le Pen et à l'origine du collectif Culture du FN, semble au courant, expliquant au Huffington Post que Banksy représente, comme le FN, "l'anti-conformisme"

Il est vrai que la communication a été sensiblement mieux contrôlée s'agissant du logo de campagne, une rose bleue sous un simple "Marine". "La rose bleue en jardinage, c'est rendre possible ce qui est impossible", s'est amusée Marine Le Pen. "La rose a été assimilée à la gauche, le bleu à la droite. Je trouve que ça tombe bien." On n'était pas loin, tout de même de revendiquer une certaine filiation avec le soi-disant "UMPS"…

Du rab sur le Lab

PlusPlus