WELL, THAT ESCALATED QUICKLY – Au Front national - mais pas que, n'est-ce pas Nicolas Sarkozy ? – on a coutume de dire que la France, on l'aime ou on la quitte. Alors forcément, quand Karim Benzema suggère qu'il n'a pas été appelé en équipe de France parce que Didier Deschamps a, selon lui, "cédé à la pression d'une partie raciste de la France" , certains du côté de Nanterre voient rouge . À commencer par Marion Maréchal-Le Pen qui, ce mercredi 1er juin, s'emporte largement sur Twitter au sujet de l'attaquant du Real. Quitte à sortir des propos de leur contexte.
En deux tweets, la députée FN du Vaucluse critique ouvertement l'attitude du footballeur. Deux angles sont choisis :
1. C'est grâce à la France que Karim Benzema est devenu "multimillionnaire".
2. S'il n'est pas content, il peut toujours aller jouer pour "son pays", l'Algérie.
Né et formé dans notre pays, #Benzema est devenu multi-millionnaire grâce à une France sur laquelle il crache aujourd'hui. Indigne.
— Marion Le Pen (@Marion_M_Le_Pen) June 1, 2016
#Benzema : "L'Algérie c'est mon pays la France c'est juste pour le coté sportif". Qu'il aille jouer dans "son pays" s'il n'est pas content !
— Marion Le Pen (@Marion_M_Le_Pen) June 1, 2016
Pour ce deuxième argument, Marion Maréchal-Le Pen ressort une déclaration de l'attaquant datant de 2006. Voici ce qu'avait déclaré Karim Benzema au micro de RMC :
"L'Algérie, c'est le pays de mes parents, c'est dans le cœur. Maintenant c'est vrai que sportivement, je jouerai en équipe de France. Je serai là toujours présent pour l'équipe de France. […] L'Algérie, voilà, c'est mon pays, mes parents viennent de là-bas. La France c'est plutôt sportif.
"
L'élue FN oublie juste un détail de l'histoire de Karim Benzema : le contexte dans lequel ces propos ont été tenus.
Nous sommes en 2006 et Karim Benzema, alors joueur de l'OL, est en train d'éclore aux yeux de l'Europe et du monde. Alors qu'il n'a pas pu honorer sa première sélection avec les Bleus à cause d'une blessure, l'attaquant, qui a la double-nationalité franco-algérienne, est courtisé par la fédération algérienne, désireuse d'attirer dans le camp des "Fennecs" le jeune prodige lyonnais. Sauf que Karim Benzema refuse, préférant porter le maillot bleu .
C'est donc pour justifier pourquoi il choisissait la France plutôt que l'Algérie que le footballeur a expliqué qu'il s'agissait du "pays de ses parents" et donc de son pays aussi. Un détail contextuel qui donne une autre teneur à la phrase prononcée par l'attaquant sur RMC mais que l'élue frontiste a oublié.
D'un point de vue purement formel, la proposition de Marion Maréchal-Le Pen est irréalisable : à partir du moment où un joueur a porté le maillot d'un pays lors d'un match officiel (non amical), il ne peut en porter un autre.