GARDE-CHIOURME - Les images du DRH d’Air France, torse nu après avoir été molesté par des salariés, ont fait le tour du monde. Et indigné une majeure partie de la classe politique, Manuel Valls lui-même allant jusqu’à réclamer de lourdes sanctions contre les auteurs des faits, qu'il a qualifiés de "voyous" .
Des propos qui sont restés en travers de la gorge de Jean-Luc Mélenchon. Sur BFM TV, ce mardi 6 octobre, l’eurodéputé du Front de gauche a préféré remercier les salariés d’Air France qui ont, selon lui, remis la question sociale au cœur du débat.
Ainsi développe-t-il l’idée que la violence véritable n’est pas celle relayée par les images médiatiques :
"Si tout le monde réagit, c’est parce qu’il y a des images. Mais il y a une violence qu’on ne voit pas, qui est dix fois pire que celle que vous avez pu voir. C’est la violence de gens qui sont condamnés à la mort sociale parce qu’ils n’ont plus leur emploi. (…) La vraie question importante de ce pays, c’est la question sociale. Je dis merci aux salariés d’Air France qui ont permis que l’on reparle de la question sociale dans notre pays.
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Quant à Manuel Valls, il est qualifié par l’ancien candidat à l’élection présidentielle de "garde chiourme d’Air France". Jean-Luc Mélenchon estime que les propos du Premier ministre sur ce sujet sont "inacceptables et inqualifiables". Il dit :
"Je mets en garde tous ceux qui montrent du doigt la violence des salariés en niant la violence qui leur est faite, à eux, les salariés. Et qui ne peuvent pas comprendre ce qui se passe et en sont réduit à des paroles aussi inacceptables et inqualifiables que celles du Premier ministre qui se comporte comme un véritable garde-chiourme d’Air France.
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Aussitôt après s’être exprimé sur BFM TV, Jean-Luc Mélenchon a publié sur son blog un extrait d’un de ses discours de 2012 sous le titre "Air France : Victor Hugo répond à Manuel Valls" . Dans ce discours, le leader du Front de gauche raconte qu’il va faire "quelque chose que personne ne fait dans aucun meeting" : "lire une page d’un livre". En l’occurrence, "le plus beau roman populiste qui a été écrit", dixit Jean-Luc Mélenchon, Les Misérables.
Avant Jean-Luc Mélenchon, les seuls à avoir soutenu les salariés malgré les images qui ont tourné en boucle se sont trouvés à la gauche de la gauche. Ainsi l'élu communiste parisien Ian Brossat, pour qui les gens "ont plus de compassion pour une chemise que pour 2900 salariés qui vont se retrouver sur le carreau" ou Olivier Besancenot, pour qui "ce serait plutôt aux salariés de porter plainte pour violences aggravées".