LE MALHEUR DES UNS... - Il est content, Florian Philippot. Qu'est-ce donc qui le rend joisse de bon matin, jeudi 10 décembre ? Les mésaventures du groupe industriel Bonduelle et de Bruno Bonduelle, son ancien président.
Celui-ci avait pris position contre le FN à l'occasion des élections régionales, plus précisément contre Marine Le Pen en Nord-Pas-de-Calais-Picardie. En représailles, des fournisseurs de Bonduelle menacent de boycotter l'entreprise. Pour le plus grand plaisir du numéro 2 du FN, également tête de liste en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine (à défaut de l'être dans "sa" région... le Nord).
# Bonduelle contre le FN
Ce grand patron du Nord à la retraite s'était très fermement élevé contre le Front national, avant le premier tour des élections régionales. "No pasaran", avait-il écrit, s'alarmant des conséquences économiques de la possible élection de Marine Le Pen à la présidence de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie.
Depuis, "des consommateurs ont écrit au groupe en menaçant de boycotter les produits Bonduelle. Des agriculteurs de la région qui fournissent les usines ont menacé de ne plus les approvisionner en légumes si Bruno Bonduelle, ou d’autres, prenaient encore position", écrivait Le Monde mercredi. "Effondré", l'intéressé s'inquiétait dans les colonnes du quotidien sans souhaiter commenter plus avant :
"Ils ont déjà réussi à instaurer la terreur.
"
Le Monde ajoutait que depuis tout cela, "Christophe Bonduelle, l’actuel PDG, a été contraint de se désolidariser des propos de l’ancien président du groupe".
# Philippot contre Bonduelle
Et cette situation fait donc les affaires de Florian Philippot. Invité de Radio Classique et LCI ce jeudi, le vice-président du parti d'extrême droite est interrogé sur la une du magazine Challenges de ce 10 décembre, consacrée aux responsables frontistes présentés comme "économiquement nuls".
Dans Challenges : le programme de Marine Le Pen prend ses rêves pour des réalités > https://t.co/Dzse1VtZWMpic.twitter.com/PVrY4ViKLE
— Challenges (@Challenges) 9 Décembre 2015
"Le système va se défendre, il n'ont aucun intérêt à ce que cela change", réagit le leader frontiste, fustigeant ces "grands patrons qui ne représentent pas l'économie réelle". Pense-t-il à Pierre Gattaz, président du Medef qui a lui aussi pris position contre le FN avant le premier tour ? "Oui", mais pas seulement.
De lui-même, Florian Philippot revient sur le cas Bonduelle, jugeant "assez drôle[s]" les menaces de boycott à son encontre. Il dit :
"Oui, ou monsieur Bonduelle. Ce qui est assez drôle c’est que maintenant les agriculteurs refusent de le livrer (rire) parce qu’ils estiment qu’il devrait arrêter de faire de la politique. Et ça, je trouve que c’est un juste retour de bâton.
"
Bien fait pour lui, il n'avait qu'à pas "faire de la politique".
Mais le bonheur de Florian Philippot ne s'arrête pas là. Il est aussi plutôt satisfait à l'idée que "les foyers patriotes de France", eux aussi, aient envie de faire payer à l'industriel cette expression d'une opinion politique. Il poursuit :
"Je ne sais pas d’ailleurs s'il y aura beaucoup de boîtes de petits pois Bonduelle dans les foyers patriotes de France dans les semaines et dans les années qui viennent. Mais bon, ça c’est une autre affaire.
"
Il est vrai que, dans cette région frappée par un taux de chômage supérieur à la moyenne nationale, les soucis économiques de l'un des acteurs industriels du territoire aurait quelque chose de poilant.
Florian Philippot, en tous cas, voit dans le cri d'alarme de Bruno Bonduelle, et des autres, un "bon signe" pour l'avenir :
"Tout ce que la France compte d'oligarchie se mobilise, mais je crois que c'est bon signe. C'est révélateur, je crois que ça éclaire les électeurs, ça fait tomber les masques.
"
À LIRE SUR LE LAB :
> Quand Florian Philippot n'envisageait de se présenter que dans la région Nord