Le pointé du doigt parle aux pointés du doigt. Ce dimanche 18 septembre, Jean-François Copé assiste à l’ouverture de la chasse à Varreddes, dans l’agglomération de son fief de Meaux (Seine-et-Marne). "Aujourd’hui, on a la visite de notre député", a prévenu Marc Rousseau, président de l’association de la chasse de Varreddes et surtout l’ami, le "frère" même, du député-maire de Meaux. Devant la trentaine de chasseurs, dont certains accompagnés de leur fils, "JFC" s’amuse d’emblée :
"Je vois que vous avez apporté des pains au chocolat, vous avez bien fait !
"
S’adressant à eux comme si les trois millions de chasseurs de France l’écoutaient, le chantre de la droite décomplexée vante une "activité énorme dans la vie des gens". Activité typiquement "républicaine", qui plus est. Sauf que voilà, les chasseurs, considère-t-il, sont "pointés du doigt", notamment par les "écolos" (même si, selon "JFC", ce sont globalement "60 millions de Français qui sont pointés du doigt"). "L’idée qu’il faut culpabiliser les gens est insupportable", dénonce Jean-François Copé. "Continuez d’être ce que vous êtes", leur lance-t-il, tel un prof de méditation/coach de confiance en soi/rédacteur de punchlines pour magazine *bien être* (rayez la mention inutile). Il évoque devant eux deux règles à respecter : la "sécurité" et la "biodiversité".
Vous avez dit biodiversité ? L’élu de Seine-et-Marne y voit l’occasion de fustiger la dernière déclaration climato-sceptique de son plus grand adversaire Nicolas Sarkozy : "Évidemment que l’homme est responsable du réchauffement climatique". En privé, il renchérit :
"C’est une ânerie, c’est incompréhensible. Je ne sais pas s’il a rencontré un nouveau gourou…
"
S’agit-il d’une "trumpisation" de l’ancien chef de l’État ? Jean-François Copé acquiesce.
Lui président de la République, "Jeff" promet de "détransposer toutes les directives qui sont stigmatisantes et trop zélées par rapport à la moyenne européenne et [de] les retransposer à la moyenne européenne". Jean-François Copé en a surtout après la directive 79/409 du Conseil des communautés européennes concernant les oiseaux sauvages. Selon lui, c’est ce "zèle administratif" qui fait que les chasseurs en ont "marre" et se tournent vers le Front national. Avant lui, début septembre, Nicolas Sarkozy s’est, lui aussi, adressé aux chasseurs en promettant, dans une interview au magazine Nos chasses, de rattacher la chasse au ministère de l'Agriculture et plus à l'Écologie.
Après s’en être pris tour à tour aux écolos, à Nicolas Sarkozy et au Front national, c’est désormais l’heure d’aller chasser. Blouson sur le dos et bottes en caoutchouc aux pieds, le candidat à la primaire traverse un champ de betteraves avec les chasseurs et leurs chiens. La chasse s’ouvre, mais Jean-François Copé n’y participera pas. "C’est une passion qui demande énormément de temps", que lui préfère consacrer à la musique et, bien sûr, à sa candidature à la primaire. Mais bon, à l’entendre, la chasse, c’est un peu comme la politique. Jean-François Copé ose un parallèle avec l’affaire Bygmalion… dans laquelle il avait d’ailleurs plutôt le rôle du chassé que du chasseur :
"J’ai connu, il y a deux ans et demi, un phénomène de meute à l’occasion de cette affaire lamentable des comptes de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. J’ai vu vraiment la meute qui trouvait que me pointer du doigt était bien confortable. Me désigner comme cible idéale était sans doute très confortable pour eux. Heureusement qu’il y a une justice en France et que cette justice m’a rendu mon honneur en montrant mon innocence.
"
À la traîne dans les sondages ("JFC" est crédité de 2 à 3 %), Jean-François Copé veut y croire encore, parce qu’il est le seul "maire d’une ville à taille humaine" (Meaux compte 54.000 habitants). "Faire du terrain, ce n’est pas que faire des déplacements et serrer des mains 30 secondes", ironise-t-il, Nicolas Sarkozy dans le viseur. Sa méthode pour remonter dans les sondages ? "Naturelle, laisser faire la vie". "Je suis très très zen", assure-t-il. Jean-François Copé n’a pas l’air de craindre d’être le "pointé du doigt" de cette primaire.