Oral du Bac et Aïd : François Fillon met à l'amende ses collègues LR qui "éructent" sur les musulmans

Publié à 08h28, le 06 juillet 2016 , Modifié à 08h42, le 06 juillet 2016

Oral du Bac et Aïd : François Fillon met à l'amende ses collègues LR qui "éructent" sur les musulmans
François Fillon © AFP

JUSTE UNE MISE AU POINT - Lundi 4 juillet, plusieurs ténors de LR étaient scandalisés. Comment ? Qu'est-ce qu'ils apprenaient ? On allait permettre à des lycéens de confession musulmane de repousser leur éventuel oral de rattrapage du Bac pour fêter l'Aïd el Fitr ? Ainsi la République française plierait-elle honteusement devant le "communautarisme" en leur permettant de célébrer la fin du ramadan au lieu de passer cet examen ? Ouh, ils étaient colère, les Jean-François Copé, Éric Ciotti, Christian Estrosi et Guillaume Peltier

Jusqu'à ce que la chose suivante soit rappelée : cette dérogation d'absence pour cause de fête religieuse est rendue possible par... une circulaire de 2004, prise par le ministre de l'Éducation nationale de Jacques Chirac, un certain François Fillon. L'ancien Premier ministre serait-il un affreux islamo-gauchiste ? Il y avait là, manifestement, un *léger* souci de cohérence au sein de la droite. 

François Fillon lui-même renvoie, mercredi 6 juillet sur RTL, ses camarades LR à leurs chères études. Il dit :

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- RTL : Est-ce qu'il faut permettre aux élèves musulmans concernés par les oraux de rattrapage [du Bac] de reporter leurs épreuves à demain, après la fête de l'Aïd, l'une des fêtes les plus importants du calendrier musulman ?



- François Fillon : Mais évidemment, c'est une tradition française depuis toujours ! C'est le Général de Gaulle le premier qui avait pris des décisions pour que les fonctionnaires français qui étaient de religion juive ou de religion musulmane puissent, lorsqu'il y avait des fêtes religieuses importantes, ne pas travailler ces jours-là.

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Voilà une première mise au point effectuée en convoquant la figure du grand Charles, dont on doute que les intéressés s'aventureront à le critiquer, en ces temps où le "gaullisme" s'est transformé en argument électoral généralisé dans la perspective de la primaire de la droite. Mais ce n'est pas terminé. Le dialogue se poursuit sur RTL et François Fillon s'en prend vertement à ces élus de son parti et leur "réflexe pavlovien" qui consiste à "éructer" sur les musulmans à la moindre occasion :

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- RTL : Tout le monde à droite n'est pas d'accord avec vous...



- François Fillon : Oui bah pour une raison simple, c'est qu'il y a un certain nombre de gens à droite qui ont une sorte de réflexe pavlovien : dès qu'on parle des musulmans, ils se mettent à éructer.

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Voilà qui est dit sans pincettes aucune. Voilà, aussi, qui n'est pas sans rappeler une sortie signée Alain Juppé il y a quelques mois, le maire de Bordeaux dénonçant alors le "réflexe pavlovien" de certains militants et élus de son parti qui huent, sifflent et houspillent comme un seul homme à la moindre évocation des mots "MoDem" et "Taubira".

Mais ce n'est toujours pas fini. François Fillon explique encore, rappelant qu'il est bien l'homme à l'origine de cette mesure :

 

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Les principaux bénéficiaires de cette mesure, que j'avais moi-même prise en 2004, ou en tout cas poursuivie en 2004, c'est pas du tout les musulmans, c'est les Français de religion juive, qui sont très intransigeants sur la question des fêtes religieuses. Et en réalité, il y a très peu de musulmans qui profitent de cette situation.

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Pour que tout cela soit bien clair dans la tête de tout le monde, il juge encore que "non", il ne s'agit pas là d'une "atteinte à la laïcité", comme s'en étaient rapidement indignés Copé, Ciotti, Estrosi et Peltier. Il conclut avec cet argument que l'on sent définitif dans son esprit :

 

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Je rappelle qu'il n'y a pas d'examen le jour de Noël et le jour de Pâques non plus.

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