C'est une habitude : lorsqu'une élection a lieu à l'étranger, il convient pour tout politique qui se respecte un tant soit peu de dire quelque chose, après l'annonce des résultats, afin de se féliciter du scrutin populaire et de tirer la couverture vers soi, non mais. Et ne dites pas que c'est impossible, parfois car dans ce cas, il suffit de vous mettre sous le nez cette action dominicale signée Louis Aliot.
Dimanche 26 juin avaient lieu des élections législatives en Espagne . La droite est arrivée en tête, devançant le Parti socialiste (PSOE) et Podemos, qui stagne par rapport au scrutin espagnol organisé en décembre dernier. Difficile pour un élu Front national de se prononcer sur ce vote. Extrêmement compliqué quand cet élu n'aime vraiment pas beaucoup la droite, la gauche et plus que tout du communisme . Et pourtant, Louis Aliot y arrive facilement.
Dimanche, sur Twitter, le vice-président du FN a écrit :
"Les néo-communistes de Podemos au pouvoir demain en Espagne. Un nouveau front s'ouvre contre l'UE de Bruxelles qui suscite la colère des peuples.
"
Les neo-communistes de #Podemos au pouvoir demain en Espagne. Un nouveau front s'ouvre contre l'UE de Brux qui suscite la colère des peuples
— Louis Aliot (@louis_aliot) 26 juin 2016
Plusieurs choses sont à noter dans ce message.
Premièrement, qualifier Podemos de "néo-communiste" est un raccourci politique qui n'engage que son auteur et ne reflète pas tout à fait la réalité, mêmz si une des composantes de la coalition Podemos est issue du parti communiste. Mais passons cette facilité de langage.
Deuxièmement, estimer que Podemos sera "au pouvoir demain en Espagne" est un tout petit peu présomptueux. À moins que Louis Aliot ne possède les résultats des futures élections espagnoles, il ne peut pas ne pas avoir noté que, lors des législatives du 26 juin, le parti de Pablo Iglesias est arrivé en 3e position et n'a pas progressé par rapport à décembre. "Nous ne sommes pas satisfaits des résultats, nous espérions autre chose", a même déclaré Pablo Iglesias. Le message de Louis Aliot a semble-t-il été posté avant les résultats définitifs, quand Podemos semblait plus haut.
Troisièmement, Louis Aliot parvient donc à se rapprocher de Podemos en parlant de l'Union européenne et en imaginant donc que le parti de Pablo Iglesias rejoint le FN dans la *lutte* contre l'UE. Deux jours après la victoire du Brexit, l'occasion était trop belle pour le n°2 du FN de ne pas tenter pareille analogie. Sauf que la position de Podemos sur l'Europe est un tantinet plus compliquée. Opposé aux politiques d'austérité de l'UE, Pablo Iglesias n'en est pas moins favorable à l'idée européenne. "Un jour triste pour l’Europe. Nous devons changer de direction : d’une Europe juste et solidaire, personne ne voudra s’en aller", a-t-il ainsi écrit sur Twitter après la victoire du Brexit. Ce qui détonne par rapport aux réactions frontistes .
Voilà. L'analyse de Louis Aliot est donc un chouïa tronquée, exagérée, fantasmée.
Et alors ? Le n°2 du FN a réussi à parler d'un scrutin étranger en faisant comme si c'était son camp qui avait un peu gagné. Et c'est bien l'essentiel.