Primaire et régionales : Morin, Sauvadet et Vigier (UDI) négocient directement avec Sarkozy, sans Lagarde

Publié à 20h13, le 17 juin 2015 , Modifié à 11h32, le 18 juin 2015

Primaire et régionales : Morin, Sauvadet et Vigier (UDI) négocient directement avec Sarkozy, sans Lagarde
Jean-Christophe Lagarde © PATRICK KOVARIK / AFP

DIPLOMATIE PARALLÈLE - Hervé Morin avait prévenu que s'il le fallait, il discuterait avec Nicolas Sarkozy avant la date prévue par le patron de son parti, Jean-Christophe Lagarde. Car il a "encore une autonomie de pensée". Visiblement, lui et deux autres aspirants candidats UDI pour les régionales, Philippe Vigier et François Sauvadet, sont passés à l'acte. D'après La CroixMarianneLibération et Le Figaro, mercredi 17 juin, les trois députés centristes se sont en effet, en début de semaine, installés à la table des négociations avec le patron de Les Républicains mais surtout sans le président de l'UDI. En jeu : la primaire de la droite et du centre de 2016 ainsi que les régionales de décembre.

Et ils ont semble-t-il obtenu un accord plus que favorable : tous trois seraient têtes de listes d'union LR-UDI dans six mois, en échange de leur engagement à soutenir le processus de la primaire de la droite et du centre. Dans le détail, Hervé Morin serait tête de liste en Normandie, Philippe Vigier dans le Centre-Val-de-Loire et François Sauvadet en Bourgogne-Franche-Comté. 

Et tout cela a été obtenu sans leur boss. Peut-être même à cause de lui. Marianne, qui affirme que l'accord doit être officialisé mardi prochain, écrit :

 

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Le président des Républicains aurait mené les négociations 'élu par élu', visiblement vexé par l’ultimatum lancé par le président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, dans les colonnes du JDD [voir ici, ndlr], laissant entendre que les centristes de l'UDI pouvaient partir seuls dans certaines régions...

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Libé, qui est moins catégorique sur l'aboutissement final des négociations ce mercredi, ajoute :

 

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En négociant directement avec Sarkozy, ils défient l’autorité du chef de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde [...].

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Pour sa part, Le Figaro annonce que l'accord "devrait être entériné mardi prochain par le Bureau politique des Républicains" et écrit :

 

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Agacé  par les déclaration comminatoires du président de l'UDI Jean-Christophe Lagarde sur la nécessité de conclure 'dans les dix jours' un accord pour les régionales, Nicolas Sarkozy a repris les choses en main.

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Le quotidien rappelle qu'il incombait pourtant bel et bien à Jean-Christophe Lagarde de mener ces négociations : "Mardi, le bureau exécutif de l'UDI a adopté, à l'unanimité, une motion affirmant qu'une alliance avec les Républicains aux régionales ne sera 'possible que si elle est équilibrée, juste et équitable' et porte sur une plateforme commune programmatique pour les régions, une juste représentation de l'UDI parmi les têtes de listes et un nombre de candidats sur les listes respectant 'le poids électoral' du parti centriste. Le bureau exécutif a également mandaté Lagarde pour mener les négociations avec les Républicains."

On dirait bien qu'il a été court-circuité.

Nicolas Sarkozy et l'UDI sont depuis plusieurs semaines en discussion sur le nombre de têtes de listes dévolues au parti centriste en vue du prochain scrutin intermédiaire, mais aussi sur sa participation, ou non, au processus de désignation du candidat de l'opposition pour la présidentielle 2017. Sur ce dernier point, Jean-Christophe Lagarde a plusieurs fois répété que sa réponse viendrait au printemps 2016 alors qu'Hervé Morin, son ancien adversaire pour la présidence du parti, plaide pour l'annonce immédiate d'une participation. Le patron du parti affiche une envie très modérée de se joindre à cette compétition, notamment en l'absence de François Bayrou.

Une primaire LR-UDI aurait plusieurs avantages pour Nicolas Sarkozy : elle lui permettrait de faire valoir une fois de plus sa capacité à "rassembler" son camp (et même au-delà de sa "famille politique", donc), mais aussi de mettre en difficulté l'un de ses principaux adversaires, Alain Juppé. Le maire de Bordeaux, qui affiche une certaine proximité avec le centre et en particulier le MoDem de François Bayrou, espère que le corps électoral de cette primaire ne s'arrêtera pas au noyau dur des militants de feu l'UMP, mais comptera aussi de nombreux centristes ou sympathisants. Qu'un candidat UDI s'aligne au premier tour de la primaire l'affaiblirait donc mécaniquement... tout en profitant à Nicolas Sarkozy. 

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