LES 24 HEURES DE LA PRIMAIRE - "Peu de gens comprennent la part d'irrationnel dans l'automobile", expliquait récemment François "fou du volant" Fillon. Mordu de sports mécaniques, le député de Paris aime certes affoler les compteurs de vitesse, brûler la gomme de ses pneus sur le bitume... appuyer sur le champignon, quoi. Mais attention : la course automobile, ce n'est pas que foncer tête baissée vers le drapeau à damier. C'est aussi de la stratégie. Et celle de l'ancien Premier ministre est claire : miser sur ses talents de "pilote d'endurance".
Invité d'Europe 1 mardi 23 juin, le candidat à la primaire de la droite de 2016 est interrogé sur le retard qu'il a accumulé sur ses concurrents, lui qui est loin derrière les Sarkozy, Juppé ou Le Maire dans les sondages. Pas de raison de paniquer, répond-il en substance, dans une métaphore mécanique au sens politique évident :
"Oui oui, vous savez je suis un Sarthois, je suis un paysan sarthois et, comme l'a rappelé Canteloup tout à l'heure, un pilote d'endurance. Et la plus belle course d'endurance que j'aie jamais vue, c'est celle où Jacky Ickx est parti le dernier et où il est arrivé le premier.
"
Grand fan des 24 heures du Mans, compétition qui chaque année se déroule dans son fief de la Sarthe, François Fillon n'emploie pas cette référence au hasard. Mais alors pas du tout. Petit rappel historique.
En 1969, le pilote belge Jacques Bernard Ickx, aka Jacky Ickx, rentre dans les livres d'histoire de cette course de légende. À l'époque, les concurrents commencent encore l'épreuve par un petit sprint jusqu'à leurs bolides, placés en épi sur le côté de la piste. Opposé aux risques pris par les pilotes qui, pour gagner du temps, ne daignent pas fixer leur ceinture de sécurité, Jacky Ickx traverse la piste tranquillement, d'un pas lent, attache son harnais de sécurité et s'élance bon dernier. Avant, vous l'avez compris, de remporter l'épreuve avec son coéquipier Jacky Oliver. Avec seulement quelques mètres d'avance sur le premier poursuivant et alors que les grands favoris, les Porsche 917, ont accumulé les pépins conduisant à leur défaite... Précisons également que ni la direction de la course ni les autres pilotes n'avaient soutenu Jacky Ickx dans sa démarche.
Aujourd'hui, François Fillon pense "bien sûr" pouvoir arriver le premier sur la ligne d'arrivée de la course pré-présidentielle, à coups de propositions programmatiques régulières. Au volant de sa GT 40 métaphorique, il semble diablement confiant dans sa stratégie de coureur de fond, face à Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, archi-favoris à bord de leurs Porsche qui paraissent imbattables.
En guise de 24 heures, il lui reste quelque 17 mois pour, lui aussi, devenir un pilote de légende.