Quand Marine Le Pen se fait défenseure des journalistes en danger

Publié à 16h11, le 08 janvier 2013 , Modifié à 07h19, le 09 janvier 2013

Quand Marine Le Pen se fait défenseure des journalistes en danger
Marine Le Pen, lors d'une conférence au siège du FN, en 2012 (photo Reuters)

MAIS SI, JE VOUS AIME– A l’occasion de ses vœux à la presse, ce mardi 8 janvier, la présidente du Front National, Marine Le Pen, s’est lancée dans un exercice un peu particulier : une caresse aux journalistes,  dont elle juge, notamment pour ceux de la presse quotidienne régionale, qu’ils sont en danger.

Inattendu, de la part d’une élue coutumière des piques aux journalistes.

  1. "Votre profession s’en trouve clairement touchée, par la précarité, et le chômage, du pigiste au permanent"

    Oubliées les critiques contre les photos de l’AFP, les indignations  répétées sur les couples des journalistes, voire les actions en justicecontre certaines d’entre eux.  

    Ce mardi 8 janvier 2013, Marine Le Pen, à l'occasion de ses "voeux à la presse", a déclaré son amour des journalistes, et les a assurés de sa plus vive attention quant à l’évolution de leur profession.

    Ainsi, reliant, de manière très osée, la situation des journalistes morts à travers le monde - en évoquant le  "très lourd bilan de votre profession sur le terrain" - à une analyse du secteur économique de la presse, la patronne du FN, critiquée, ces derniers jours, dans les rangs du parti pour sa position jugée trop timorée sur les manifs anti mariage-gay,  se lance donc dans une véritable opération calinothérapie destinée aux petits journalistes :

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    Moi, présidente de l’un des principaux partis politiques de France, ayant vocation à gouverner, réformer, et redresser le pays, je veux que vous, journalistes, sachiez que je mesure vos difficultés

    Vous me trouverez, au-delà des divergences d’opinion inévitables et souhaitables en démocratie, toujours de votre bord, dans ce combat.

    "

    Un mal - opéré par un ennemi bien identifié - rend en effet le paysage médiatique particulièrement instable : la redistribution des cartes capitalistiques à l’œuvre dans la presse régionale, orchestrée par les patrons de presse régionaux : 

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    Des patrons de presse quotidienne régionale, il y en a, bien sûr, de sérieux.

    Pourtant, leurs ambitions, leurs appétits, leurs méthodes, laissent planer d’autres inquiétudes. 

    En un peu plus d’une décennie, une poignée d’entre eux sont parvenus à mettre en place ce qui ressemble de plus en plus à de véritables monopoles régionaux. 

    Pour beaucoup de rédactions, ce partage du territoire s’est soldé par des restructurations - après celle du groupe Sud Ouest lancée en novembre, la dernière en date a été annoncée vendredi dernier au groupe La Dépêche -, une diminution du nombre de journalistes et la mise en place de plateformes communes à plusieurs titres.

    [...]

    Votre profession s’en trouve clairement touchée, par la précarité, et le chômage, du pigiste au permanent.

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    Et cette situation inspire à Marine Le Pen … une métaphore fromagère :

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    Si vous voulez bien me passer la comparaison, nous assistons à une uniformatisation des titres de la PQR qui n’est pas sans rappeler le sort que certains industriels font subir à nos fromages, à grand renfort de pasteurisation : "les étiquettes restent, les saveurs disparaissent".

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    Derrière les formules générales, Marine Le Pen se lance également contre un ennemi bien incarné : Bernard Tapie, dont elle cite nommément l'opération de rachat des "derniers fleurons du groupe Hersant" : 

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    C’est en 2013 que nous pourrons, journalistes et simples citoyens, prendre la mesure de cette décision qui créé quelques inquiétudes au vu du curriculum vitae du personnage.

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    Plus loin, Marine Le Pen raille également les ambitions électorales de Bernard Tapie, sans le citer nommément, mais dans une allusion totalement transparente :

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    Peut-on aussi exclure les acquisitions à but électorale ? A l’évidence non !

    Pas plus que les prédateurs récidivistes …

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    Au-delà de ces considérations, Marine Le Pen a également énoncé, à l’occasion de ces vœux, les conditions d’un travail conjoint entre son parti et les journalistes :

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    Je forme enfin le vœu que dans un esprit de loyauté, et avec un sens aigu de nos responsabilités respectives dans le fonctionnement d’une démocratie digne de ce nom, nous travaillons en 2013 en bonne intelligence, au bénéfice exclusif des Français.

    "

     
    Jusqu'à la prochaine attaque ad hominem ?

Du rab sur le Lab

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