Question à Sarkozy sur Takieddine : Juppé juge "un peu scandaleux de voir resurgir régulièrement ces accusations"

Publié à 09h12, le 18 novembre 2016 , Modifié à 11h02, le 18 novembre 2016

Question à Sarkozy sur Takieddine : Juppé juge "un peu scandaleux de voir resurgir régulièrement ces accusations"
© AFP

SCANDALE - LA question a donc finalement été posée. Nicolas Sarkozy a été interrogé, jeudi 17 novembre lors du dernier débat de la primaire à droite, sur le supposé financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. Et plus particulièrement sur les accusations de Ziad Takieddine, qui affirme avoir remis trois valises de billets d'argent libyen à Claude Guéant et l'ancien chef de l'État pour un montant de 5 millions d'euros entre 2006 et 2007. À David Pujadas qui mettait le sujet sur le tapis, l'ex-Président a répondu d'un cinglant "vous n'avez pas honte ?" et fustigé "l'indignité" du service public.

Alain Juppé en convient, ce vendredi sur Franceinfo: : "Les journalistes sont libres de poser les questions qu'ils veulent poser." Mais il ajoute aussitôt que, les enquêteurs ne disposant toujours pas de preuve formelle de ce financement libyen (malgré de nombreux témoignages et éléments troublants accréditant cette thèse), il est "assez contestable" voire "un peu scandaleux" que le sujet soit régulièrement évoqué. Le maire de Bordeaux et favori des sondages pour le premier tour de la primaire affirme :

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Cela dit, c'est vrai qu'il est un peu scandaleux de voir resurgir régulièrement ces accusations. Et chaque fois que je lis un article sur le sujet, quelle est la conclusion ? 'Pas de preuve'. Voilà. Donc je pense qu'en permanence agiter ceci sans preuve est assez contestable.

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"Tant que les preuves ne sont pas apportées, moi je fais confiance à la présomption d'innocence", dit-il encore. Sans partager la virulence de Nicolas Sarkozy, il semble donc d'accord sur le fond : ce sujet n'aurait pas dû être évoqué jeudi soir. C'est aussi ce qu'avait défendu Bruno Le Maire avant le débat, expliquant : "On ne parle pas de ça dans un débat. Parce que c'est une question qui est grave et la question grave doit être traitée par la justice."

Plus mesuré, François Fillon a tout de même sérieusement questionné le timing de cette question de David Pujadas. Sur BFMTV et RMC ce vendredi, le député de Paris a estimé :

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La question sur Takieddine est légitime dans la mesure où c’est l‘actualité… Je trouve que la manière dont ça été fait et le moment où cette question était posée étaient inappropriés.

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Finalement, il n'y a guère eu que Jean-François Copé pour (ô surprise) ne pas critiquer le journaliste de France 2 sur ce point. Sur Sud Radio et Public Sénat, le député-maire de Meaux a dit : 

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Par principe, toutes les questions des journalistes sont  légitimes. [...] Toutes  les questions des journalistes, on est en démocratie, sont légitimes. Chacun répond comme il l’entend. Moi je n’ai absolument rien à voir avec tout ça et je n’entends absolument pas le commenter.

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Il y a deux jours, il avait déjà jugé que les déclarations de Ziad Takieddine étaient "d'une importance capitale".

Alain Juppé a par ailleurs été interrogé sur ce "c'est pas vrai" venu de l'un des candidats à la primaire qui n'est pas Nicolas Sarkozy au moment où David Pujadas pose la fameuse question. "Je n'ai pas le souvenir de l'avoir dit. Je n'ai pas le souvenir de l'avoir fait mais vous savez, en deux heures et demi de débat...", a-t-il répondu.

Et pour revoir la séquence en question, c'est ici :





[BONUS TRACK] #NotInMyJuppéisme

Alain Juppé a récemment reçu le soutien officiel de Jean-Louis Debré, vieil ami de Jacques Chirac qui, tout en ralliant le maire de Bordeaux, a révélé avoir voté pour François Hollande en 2012. Prenant la chose avec le sourire, le maire de Bordeaux se désolidarise de l'ancien président du Conseil constitutionnel :

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Vous voyez que je reçois des soutiens d'amis dont je ne partage pas toutes les opinions. Moi je n'ai jamais voté à gauche, sauf une fois, c'était dans ma jeunesse, au premier tour d'une élection législative pour me défouler, j'avais carrément voté à l'extrême gauche pour un candidat soutenu par [Alain] Krivine. Mais en 2012, j'ai voté pour Nicolas Sarkozy bien entendu, comme en 1981 j'avais aussi voté pour Valéry Giscard d'Estaing.

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Déjà soutenu par François Bayrou qui avait appelé à voter pour le candidat socialiste face au Président sortant en 2012 (ce qui lui vaut d'être accusé de prôner une "alternance molle"), cette confidence de Jean-Louis Debré ne risque-t-elle pas de lui nuire, tout de même ? Eh bien non, figurez-vous. Alain Juppé s'amuse : 

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Non je ne pense pas, je ne pense pas du tout. M'enfin voyez ça me permet de marquer ma différence et de rappeler que moi, je suis un homme de droite.

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Est-ce à dire que Jean-Louis Debré serait un "homme de gauche" ? Lui, l'ancien ministre de l'Intérieur de Jacques Chirac et président RPR de l'Assemblée nationale ? 

Du rab sur le Lab

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