C'est toute l'étrangeté de la nomination d'Olivier Dussopt au poste de secrétaire d'État chargé de la Fonction publique : en tant que député socialiste, ses votes à l'Assemblée l'ont plusieurs fois placé dans l'opposition à Emmanuel Macron depuis le début de la législature, mais le voilà désormais membre de son gouvernement (et exclu du PS par la même occasion). Mieux que ça : après avoir voté contre le Budget au palais Bourbon il y a moins d'une semaine, il est aujourd'hui amené à défendre le même budget devant les sénateurs. Une contradiction estampillée *nouveau monde*, qui a visiblement la faculté d'être presque simultanément pour et en même temps™ contre une seule et même chose.
Comme l'a noté Public Sénat lundi 27 novembre, le tout nouveau secrétaire d'État a vécu son baptême du feu ministériel en venant défendre au nom du gouvernement ce projet de loi de Finances à la chambre haute une semaine après l'avoir rejeté à la chambre basse. Et Olivier Dussopt de déclarer notamment, en propos liminaire avant de rentrer dans le vif du sujet des dotations aux collectivités territoriales :
"Permettez-moi de dire quelques mots pour vous dire l'honneur qui est le mien de pouvoir m'exprimer devant votre assemblée. Je sais, par l'expérience que j'ai eue à l'Assemblée nationale, que les compromis sont souvent possibles [...]. J'espère que ma présence parmi vous aujourd'hui nous permettra aux uns et aux autres de nous retrouver sur les sujets essentiels. [...] Je mettrai tout en oeuvre pour être à la hauteur des responsabilités qui m'ont été confiées.
"
Une volonté de dialogue qui n'a cependant pas préservé ce récent transfuge du PS des critiques très acerbes de son ancien camarade, le sénateur socialiste de Paris David Assouline, qui l'a calmement allumé dans l'hémicycle :
"Je considère, et avec tout le respect que j'ai pour le ministre qui est au banc, pour ses engagement passés, et... voilà... pour sa fonction et ses qualités, que ça n'est pas banal, je pense même quasi unique, que l'on puisse voter contre un Budget à l'Assemblée et venir au nom du gouvernement, six jours après seulement, dire qu'on est pour et surtout le défendre.
Je le dis uniquement parce que si on le banalise et qu'on ne le commente pas comme je le fais là, on diffuse quelque chose qui est déjà ressenti par les citoyens, qu'il n'y a pas beaucoup de convictions et de cohérence dans l'engagement des hommes politiques [...]. C'est une question globale pour la démocratie et je tenais à le dire.
"
Olivier Dussopt peut cependant compter sur la bienveillance de Didier Guillaume, président du groupe PS au Sénat et rare socialiste avoir salué sa nomination au gouvernement, s'exposant dans le même temps à la vindicte de son propre parti.
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