Valls ne veut pas légiférer sur le burkini même s’il estime que ce "n’est pas compatible avec les valeurs de la France"

Publié à 07h34, le 17 août 2016 , Modifié à 08h41, le 17 août 2016

Valls ne veut pas légiférer sur le burkini même s’il estime que ce "n’est pas compatible avec les valeurs de la France"
Manuel Valls. © AFP

En tant que Premier ministre, il se devait de réagir face à la polémique estivale qui a *embrasé* le monde politique en cette première quinzaine du mois d’août : l’interdiction du port du burkini sur les plages. Dans un entretien à La Provence , ce mercredi 17 août, Manuel Valls a ainsi dit "comprendre" les maires et a apporté son "soutien" aux édiles ayant pris des arrêtés pour interdire le port du burkini .

"Je comprends les maires qui, dans ce moment de tension, ont le réflexe de chercher des solutions, d'éviter des troubles à l'ordre public", indique Manuel Valls. Et d'insister : 

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Je soutiens donc ceux qui ont pris des arrêtés, s'ils sont motivés par la volonté d'encourager le vivre ensemble, sans arrière-pensée politique.

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Derrière le burkini, "il y a l'idée que, par nature, les femmes seraient impudiques, impures, qu'elles devraient donc être totalement couvertes", estime-t-il, avant de juger cette tenue de plage contraire aux valeurs françaises : 

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Ce n'est pas compatible avec les valeurs de la France et de la République. Face aux provocations, la République doit se défendre.

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Cependant, il n’y aura pas de traduction législative à cette opposition au burkini, "la traduction d’un projet politique, de contre-société, fondé notamment sur l'asservissement de la femme", assure le Premier ministre et chef de la majorité. "Je ne crois pas qu'il faille légiférer en la matière : la réglementation générale des prescriptions vestimentaires ne peut être une solution. Avant de penser à légiférer, nous ferons appliquer la loi interdisant le port du voile intégral dans l'espace public", ajoute-t-il encore demandant aux autorités musulmanes "dans leurs engagements personnel, professionnel, social, de dire qu'ils rejettent cette vision mortifère de l'islam".

Cette mise au point intervient en pleine polémique alors que quelques mairies côtières de France, de Corse jusqu'au Pas-de-Calais, ont pris des arrêtés pour interdire ce type de tenue de plage couvrant le corps et la tête des femmes, parfois même sans avoir constaté son usage.

[BONUS TRACK] Chevènement a raison

Dans ce même entretien à La Provence, Manuel Valls apporte également son soutien à Jean-Pierre Chevènement, pressenti pour prendre la direction de la Fondation pour l'islam de France et qui a conseillé lundi aux musulmans la "discrétion". "Si nous voulons construire un islam de France compatible avec nos valeurs, nos libertés, l'égalité homme-femme, il faut que l'islam, comme les autres religions l'ont fait, accepte la discrétion dans la manifestation des convictions religieuses", affirme ainsi le Premier ministre.

Dans une interview parue lundi dans Le Parisien, Jean-Pierre Chevènement estimait que les musulmans "doivent pouvoir pratiquer leur culte en toute liberté" mais conseille la "discrétion" dans l'espace public "dans cette période difficile". Alors que ce conseil a été raillé, notamment sur les réseaux sociaux avec le hashtag #MusulmanDiscret, Jean-Pierre Chevènement a déploré ce mardi 16 août sur Europe 1 une "polémique subalterne et stupide" .

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