DÉJÀ-VU - Désormais président de Les Républicains, Laurent Wauquiez veut incarner la principale opposition à Emmanuel Macron. Mais, pour affronter le "nouveau monde" macronien, le patron de la région Auvergne-Rhône-Alpes ressuscite les vieilles recettes de l’ancien monde.
Chef d’un parti moribond, qui a perdu autant d’élections en 2017 que de militants et d’élus partis chez Emmanuel Macron, Laurent Wauquiez veut "arriver à montrer une nouvelle génération, une nouvelle droite". Et pour cela, il assène, super original, comme le rapporte ce lundi 11 décembre le Figaro :
"Nous devons immédiatement ouvrir les portes et les fenêtres.
"
Au Lab, cette formule générique nous a rappelé quelque chose. Et aux Internets, qui ont plus de mémoire que nous, aussi. Car la volonté pour un patron de parti, ou postulant patron de parti, "d’ouvrir les portes et les fenêtres" est un vieux gimmick de la politique française. Rappel non-exhaustif.
A voir en vidéo ci-dessous :
#Jospin 1995
En 1995, déjà, Lionel Jospin, patron du PS après avoir échoué face à Jacques Chirac à la présidentielle, estime que "le PS doit être poreux" . Il ajoute alors :
"Il faut ouvrir les portes et les fenêtres.
"
#Moscovici 2009
Quelques années ont passé, le PS a subi une cinglante défaite au premier tour de la présidentielle 2002, Lionel Jospin se faisant éliminé par Jean-Marie Le Pen, et la droite a remporté deux présidentielles de suite. Prétendant au poste de Premier secrétaire d’un PS acculé depuis plusieurs années dans l’opposition, Pierre Moscovici lance en 2009 :
"Il faut ouvrir les portes et les fenêtres du Parti socialiste. Il faut en finir avec un certain nombrilisme, avec un certain narcissisme assez insupportable.
"
#Copé 2010
Et si les socialistes n’ont pas le monopole du cœur, ils n’ont pas non plus celui de cette expression. En novembre 2010, Jean-François Copé, tout neuf secrétaire général de l’UMP dont il deviendra le président en 2012, veut relancer la machine à l’approche de la délicate présidentielle de 2012 (finalement perdue par Nicolas Sarkozy contre François Hollande). Pour sa première conférence de presse comme patron du parti, « JFC » lâche – attention, vous allez être surpris :
"Il faut ouvrir les portes et les fenêtres.
"
#Larrivé 2014
Nous sommes en septembre 2014. C’est au tour de l’UMP, moribond, d’être dans l’opposition avec, en bonus, un psychodrame entre François Fillon et Jean-François Copé. C’est ce moment que choisit Nicolas Sarkozy pour revenir aux affaires et se déclarer candidat à la présidence du parti qu’il va rebaptiser Les Républicains. Soutien de l’ancien Président, le député Guillaume Larrivé résume la mission du revenant aux affaires partisanes :
"Très à droite, plus à droite, pas à droite, qu'est-ce que ça veut dire ? Il faut ouvrir les portes et les fenêtres.
"
#Cambadélis 2015
2014, toujours. Plus de deux ans que le PS est majoritaire sous la présidence de François Hollande. Mais le parti enchaîne les défaites électorales et ne parvient plus à mobiliser ses troupes. C’est alors qu’Harlem Désir est exfiltré du PS pour entrer au gouvernement. Et Jean-Christophe Cambadélis obtient le poste qu’il convoite depuis longtemps, celui de Premier secrétaire rue de Solférino. Face à la fuite des militants, il répète son objectif de faire du PS "un parti de masse" . Et pour cela, devinez quoi, il a une idée aussi géniale qu’originale : il martèle vouloir "ouvrir les portes et les fenêtres" de Solférino. Deux ans plus tard, le PS a perdu autant d’élus que de militants et est aujourd’hui contraint de vendre son siège.