Depuis sa défaite dès le premier tour de la présidentielle, dimanche 23 avril, Jean-Luc Mélenchon s'est tu. Son mouvement, La France insoumise, a organisé une consultation de ses militants pour dégager une consigne de vote pour le second tour en proposant trois choix : le vote pour Emmanuel Macron, le vote blanc et l'abstention (et donc pas Marine Le Pen ). Et alors que le candidat malheureux devait s'exprimer ce vendredi 28 avril à 11 heures (ce qu'il n'a toujours pas fait à l'heure où nous écrivons ces lignes), Marine Le Pen l'a devancé. La finaliste de la présidentielle a publié, sur son compte Twitter, une vidéo pour inciter les militants de son ex-adversaire à voter pour elle.
Mon appel aux insoumis : faisons barrage à Macron !#DangerMacronpic.twitter.com/N8icI0HrZj
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) April 28, 2017
La présidente-en-congé-du-FN a d'abord salué la campagne "respectable" du leader de La France insoumise, placée selon elle sous le symbole de la "paix" :
"Le 23 avril, 7 millions d’entre vous ont voté pour le candidat de La France insoumise et je voudrais leur adresser un message. Qu’on ne s’y méprenne pas, le candidat des insoumis et moi-même avons des relations politiques pour le moins… sportives [Sourire] et des désaccords sur des sujets de fond. Mais je considère, comme beaucoup, que Jean-Luc Mélenchon a mené une campagne de premier tour qui était une campagne respectable. Respectable, parce qu’à la différence de la campagne qu’il avait menée en 2012, celle de 2017 a été plus apaisée et plus positive. Il ne s’agissait plus de s’en prendre, comme à l’époque, aux patriotes, mais au contraire de s’adresser à la nation et de viser son unité. J’ai été sensible, comme beaucoup d’entre vous, que les drapeaux rouges aient été remplacés par des drapeaux bleu-blanc-rouge et que de belles marseillaises aient été entonnées par les partisans de La France insoumise. Beaucoup de jeunes, beaucoup de nos compatriotes confrontés au risque de division de la société ont été sensibles au discours sur la paix tenu pendant cette campagne. Le symbole du rameau d’olivier est un beau symbole et la paix est bien entendu un objectif essentiel à l’heure où les relations internationales risquent de se nourrir des discours bellicistes et irresponsables.
"
Marine Le Pen s'"adresse" ensuite aux "électeurs de La France insoumise" et les invite à "faire barrage à Emmanuel Macron". Elle dézingue ensuite celui qu'elle dresse comme un ennemi commun : le "banquier" Emmanuel Macron, "partisan du libre-échange généralisé, des traités commerciaux avec les États-Unis et le Canada qui font des ravages" et qui "représente cette finance arrogante que François Hollande avait promis de combattre et qu’il a finalement laissée prospérer".
La candidate d'extrême droite revient ensuite sur leur déplacement, le même jour , auprès des salariés de Whirlpool à Amiens, dont l'usine va être délocalisée en Pologne en 2018, expliquant qu'Emmanuel Macorn "se refusera à apporter la moindre protection aux salariés comme il l’a démontré à Amiens en se comportant très mal avec les salariés de Whirlpool". "Je ferai l’inverse", assure-t-elle. Marine Le Pen cite encore "la loi El Khomri", qu'elle propose de "retirer immédiatement" ou encore "la directive détachement des travailleurs étrangers" qui "nuit considérablement à l’emploi en France".
Marine Le Pen énumère ensuite les points communs entre son projet et celui qu'a porté Jean-Luc Mélenchon, sur la "paix", la Russie et la démocratie avec le "référendum d’initiative populaire". Consciente que les électeurs "insoumis" pourraient hésiter à mettre un bulletin FN dans l'urne le 7 mai, elle invite enfin à mettre "les querelles et les divergences de côté" pour faire battre Emmanuel Macron :
"Mettons les querelles et les divergences de côté. Nous aurons l’occasion, après l’élection, de reprendre les discussions sur les sujets de fond. Mais combattons aujourd’hui sur ce point crucial : il n’est pas possible de laisser les manettes de la France à Emmanuel Macron. Le danger est trop grand et il faut vraiment que ça change dans notre pays. Toute l’oligarchie qui use contre moi, mais aussi aujourd’hui contre vous, d’arguments indignes et veut vous mettre au garde à vous derrière le banquier Macron : je sais que vous êtes plus forts que ça. Tournons la page.
"
Alexis Corbière, porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, a qualifié cet appel de "petites manœuvres pas très dignes", interrogé sur BFMTV. "Il ne faut pas être piégé par son parler fourbe", a-t-il mis en garde.
[EDIT 16h41] ajout propos Alexis Corbière.
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