Le sujet du droit à mourir dans la dignité a de nouveau été mis sur le devant de la scène par l'histoire d'Anne Bert. La romancière, atteinte de la maladie de Charcot, s'est rendue en Belgique, début octobre, afin d'être euthanasiée . La pratique, extrêmement encadrée, est légale en Belgique.
En France, le débat est toujours posé .
"La ministre de la Santé m’a confirmé que la question de la fin de vie sera abordée dans la loi sur la bioéthique. Il faut cette loi de liberté. Il y a quelques mois, le président de la République s’est prononcé pour le droit à mourir dans la dignité. Le Premier ministre Edouard Philippe a dit avoir évolué sur la question et la ministre de la Santé a déclaré qu’elle comprenait Anne Bert", a ainsi assuré l'élu parisien et militant pour l’euthanasie Jean-Luc Roméro, mi-octobre, lors de lors de l’assemblée générale de l’Association pour le droit à mourir dans la dignité.
Mais ce dimanche sur RTL , la ministre de la Santé paraît beaucoup moins engageante sur le sujet. Invitée du Grand Jury , Agnès Buzyn se dit défavorable à l'application, en France, des mêmes méthodes qu'en Belgique. Et, pour expliquer sa position, la ministre de la Santé fait un parallèle pour le moins surprenant :
"Tel que c'est appliqué en Belgique, ça pose vraiment la question du curseur. À partir de quand on décide effectivement qu'une personne est suffisamment malade pour décider qu'on abrège sa vie à un moment X ? Et je trouve que c'est très difficile. C'est quoi une souffrance très profonde ? Est-ce que des gens qui font des dépressions graves et 10 tentatives de suicide, il faut abréger cette souffrance atroce d'une dépression grave ? Moi je me pose la question du curseur. Je préférerais qu'on travaille sur la base de la loi Claeys-Leonetti avant de re-légiférer sur un sujet éminemment compliqué.
"
À voir ci-dessous en vidéo :
Un parallèle plutôt étrange, d'autant qu'en Belgique, l'acte d'euthanasie ne peut se faire que dans des conditions ultra-strictes. Le patient doit ainsi être dans une situation médicale sans issue, touchée par une affection incurable qui lui provoque des souffrances physiques ou psychiques constantes et insupportables qui ne peuvent être apaisées.
Agnès Buzyn souhaite néanmoins que l'application de la loi Claeys-Leonetti soit examinée, pour déterminer son adaptation aux situations du réel. "J'aimerais savoir comment elle est appliquée sur le terrain et notamment sur le sujet très particulier des maladies neurodégénératives. C'est une dizaine de personnes par an", dit-elle.
La loi Claeys-Leonetti a, en 2016, élargi les possibilités de cessation de l’acharnement thérapeutique . La sédation profonde et continue est désormais autorisée jusqu’au décès. Elle permet l’administration de substances antidouleur qui vont servir à endormir le patient en diminuant, théoriquement, ses souffrances. "Cette loi permet beaucoup de choses", assure Agnès Buzyn.