Villepin : posture et impostures

Publié à 11h23, le 12 décembre 2011 , Modifié à 17h24, le 13 décembre 2011

Villepin : posture et impostures
Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy durant les journées parlementaires de l'UMP en 2006.

C’est peu de dire que l’annonce de Dominique de Villepin a surpris dimanche soir. Notre blogueur Guy Birenbaum explique les raisons pour lesquelles beaucoup - dont lui - ont été stupéfaits…

  1. A lire sur le Lab : Pourquoi Villepin a ses chances

    Sur Le Lab

    Si la déclaration de candidature de Dominique de Villepin suscite beaucoup de scepticisme, l'ancien Premier ministre peut néanmoins s'appuyer sur des points forts. Le Lab vous en dresse la liste ici.

  2. Villepin, le fou de lui

    Quand vers 20h, dimanche, le journal de TF1 dont Dominique de Villepin était l’invité a commencé, je n’ai pas pu m’empêcher de parier sur Twitter qu’il n’irait pas .

    On ne se refait pas…

    N’étant pas le seul, loin de là, à être totalement estomaqué par cette annonce de candidature, je ne regrette pas une seconde de m’être avancé et trompé ainsi.

    Si tant d’observateurs étaient persuadés jusqu’à hier que l’ancien Premier ministre allait caler, ce n’est pas par hasard, ni forcément par incompétence.

    Tous ceux qui ont eu l’occasion d’enquêter ces dernières années sur Dominique de Villepin savent combien son ombre gigantesque plane au-dessus de certaines des affaires qui encombrent la droite française depuis des lustres.

    Âme damnée de Jacques Chirac, Villepin a été l’homme de tous les coups tordus et de tous les coups montés par ce "cabinet noir" dont il continue, contre toute évidence, de nier l’existence.

    Fasciné par les fiches et avide de tout savoir, il se passionna à la fois pour les carnets d’Yves Bertrand qui contiennent plus de rumeurs bidons que tout l’Internet mondial et pour ceux du général Rondot avec la réussite que l’on sait...

    Mieux il entretint, comme on attise un feu, la folie douce de son ami Jean-Louis Gergorin dans l’affaire Clearstream.

    Quant à sa connaissance des intermédiaires qui polluent les antichambres des ministères et des partis, qu’ils se nomment Alexandre Djouhri ou Robert Bourgi (il en est d’autres…), il faudra bien, un jour, qu’il l’explique, lui qui se prétend tellement poète à ses heures perdues. Et encore, ne s’agit-il là que de ce qui s’écrit ou se dit déjà.

    Bientôt d'autres affaires pourraient sortir…

    Le dossier Relais et Chateaux n’a pas surgi par hasard, ces derniers jours.

    Et la politique me direz-vous ? Inspirateur de la dissolution perdante de 1997, prétendant avoir toujours "géré" le cerveau de Jacques Chirac, inventeur comme Premier ministre du CPE qui jeta des millions de jeunes dans les rues de France, Dominique de Villepin jouit d’un prestige incroyable grâce à un discours et un seul. LE discours qu’il prononça comme ministre des Affaires étrangère à l’ONU, contre la guerre en Irak, le 14 février 2003. On ne peut pas se tromper tout le temps…

    Pour le reste, les anti-sarkozystes aiment tant détester Nicolas Sarkozy qu’ils ont voulu voir en Villepin la pauvre victime expiatoire d’un vil Président.

    Tout le monde se souvient, en effet, du "croc de boucher" que lui promit Nicolas Sarkozy et de la maladresse incroyable du Président parlant lors d’une interview des "coupables" dans l’affaire Clearstream.

    Du coup, beaucoup adorèrent les mâles et bravaches déclarations du prévenu Villepin devant la salle d’audience. Comme son fameux "Je suis ici par la volonté d'un homme, je suis ici par l'acharnement d'un homme…Nicolas Sarkozy qui est aussi président de la République française…"

    Et, peu importe que Villepin ait été parfois beaucoup moins convaincant durant les audiences. L’essentiel pour lui était d’être blanchi dans l’affaire Clearstram ; force est de constater qu’il le fut.

    Reste à savoir comment Villepin désormais candidat, peut se tirer de la seringue dans laquelle il s’est mis, tout seul, dimanche soir.

    Plusieurs "sorties" existent.

    Certains prévoient déjà qu’il n’ira pas jusqu’au bout et imaginent une issue indignée : un candidat hurlant quelques jours avant l’échéance contre l’UMP et la conjuration des « connards » (son insulte favorite) qui l’ont empêché d’obtenir les fatidiques 500 signatures.

    D’autres le voient ne pas décoller dans les sondages d’ici février et négocier un ralliement.

    Nous n’en sommes pas là. Et ceux qui le voient sauter en marche devraient tous méditer leur surprise de dimanche soir.

    Ils ont probablement sous-estimé, comme moi que Dominique de Villepin est assez fou pour aller jusqu’au bout.

    Fou de lui surtout…

    Disclaimer : je précise qu'Yves Bertrand s’est désisté il y a quelques semaines de sa plainte en diffamation contre moi...

  3. Video : Le cabinet noir, selon Guy Birenbaum

    Sur France 5

    Invité de l'émission Revu et corrigé, Guy Birenbaum, auteur de Cabinet noir (2008, Les Arènes), revient sur les "rumeurs" lancées par l'ancien patron des RG, Yves Bertrand, sur l'affaire Clearstream et sur les relations Sarkozy/Villepin.

    Disclaimer : Yves Bertrand s’est désisté il y a quelques semaines de sa plainte en diffamation contre Guy Birenbaum

  4. Le point de vue d'Olivier Duhamel

    Dominique de Villepin a annoncé dimanche soir sur TF1 sa candidature à l'élection présidentielle de 2012. C'est son droit, mais il est difficile de comprendre pourquoi.

    S'il était centriste, il se présenterait pour sa famille politique. Mais il ne l'est pas, et cette dernière a déjà deux candidats, François Bayrou et Hervé Morin. S'il était souverainiste, il se présenterait pour défendre ce courant. Mais il ne l'est pas, et ce dernier a déjà deux candidats, Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan.

    Il se veut gaullien, et cherche à rassembler par-delà droite et gauche. Mais il n'a plus guère d'élus ni de militants autour de lui. Quant aux électeurs, seuls 1 à 2% ont l'intention de voter pour lui. Grandeur ou misère d'une démarche solitaire... Reste à voir s'il pourra la poursuivre jusqu'au bout.

    Olivier Duhamel est éditorialiste sur Europe 1. Il co-anime, avec Michel Field, l'émission Mediapolis, le samedi, de 10 à 11 heures.

  5. A lire sur le Lab : la déclaration surprise de Villepin

    Sur Le Lab

    Dimanche soir sur TF1, Dominique de Villepin a pris tous les observateurs de court en annonçant sa candidature à la présidence de la République.

    Retrouvez ici tout ce qu'il faut retenir de l'annonce de l'ancien Premier ministre.

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