Voeux, Zizou et Macron : les messages présidentiels d'Alain Juppé

Publié à 08h14, le 05 janvier 2016 , Modifié à 08h22, le 05 janvier 2016

Voeux, Zizou et Macron : les messages présidentiels d'Alain Juppé
© AFP

À BON ENTENDEUR, SALUT - Eh oui, c'est la reprise. Surtout pour Alain Juppé, qui se fend d'une rentrée ultra-médiatique. Après Le JDD dimanche et le JT de France 2 lundi (sur fond de publication de son livre sur les sujets de police, de sécurité et d'immigration, Pour un État fort), le candidat à la primaire de la droite enchaîne avec deux heures dans la matinale d'Europe 1, mardi 5 janvier. Un exercice qui consiste notamment à réagir sur de très nombreux sujets d'actualité. Et sur chacun d'entre eux, le maire de Bordeaux distille de petits messages non dénués d'arrière-pensées présidentielles. 

Florilège.

# Bonne année

De bon matin, Alain Juppé est interrogé sur ses bonnes résolutions pour 2016 et les voeux de bonne année qu'il a reçus. Y en a-t-il qui sont "en toc" ? "Non", répond-il, précisant qu'il "croit toujours à la sincérité de ceux qui [lui] expriment leurs voeux". "Je suis plutôt d'un tempérament bienveillant et optimiste", ajoute-t-il. Avant de détailler le contenu des voeux qu'il a adressés à Nicolas Sarkozy, à la demande de ses interlocuteurs : 

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- Alain Juppé : J'ai envoyé mes voeux à Nicolas Sarkozy par un petit sms.



- Thomas Sotto : Vous lui avez mis quoi ?



- Alain Juppé : 'Bonne année mon cher Nicolas, pour toi et tous ceux que tu aimes'. Je n'ai pas eu de réponse encore, ça va venir. On a tout le mois de janvier !

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Message transmis à qui de droit. Ces voeux sarkozystes brillant par leur absence, ils ne sont au moins pas "en toc". C'est déjà ça. 

# Zizou, la réserve et l'efficacité

LA grosse information de lundi 5 janvier, c'est *évidemment* la nomination de Zinédine Zidane au poste d'entraîneur du Real Madrid. Zizou dont Juppé "pense" qu'il sera une bonne recrue pour le club madrilène. Malgré son caractère "réservé", lui est-il demandé ? Dans sa réponse, l'ancien Premier ministre parle au moins autant du légendaire numéro 10 des Bleus que de lui-même :

 

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Mais on peut être réservé et efficace, non ? (rires)

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# Macron et la "solidarité gouvernementale"

Alain Juppé est ensuite interrogé sur le cas Emmanuel Macron, souvent présenté comme ministre droito-compatible. "Vous savez, moi je n'aime pas les ministres qui passent leur temps à contredire ce que dit leur Premier ministre ou leur président de la République, voilà." Crac, voilà le jeune ministre de l'Économie tancé par l'expérimenté professeur Juppé. Qui poursuit : "C'est pas une question de discipline, c'est une question de solidarité gouvernementale : on est membre d'une équipe, on assume." C'est en tous cas ce qu'il imposera, lui président de la République :

 

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- Thomas Sotto : Mais s'il n'est pas d'accord avec François Hollande, c'est qu'il est d'accord avec Alain Juppé peut-être ?



- Alain Juppé : C'est une autre question mais je ne suis pas président de la République... pas pour l'instant ! [...] Il a beaucoup de talent. [Mais] je trouve qu'il a un comportement au gouvernement qui n'est pas ce que j'attends personnellement d'un ministre, mais enfin on peut en discuter, c'est le choix du président Hollande.

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Comprendre qu'avec Juppé à l'Élysée, les couacs n'auront pas droit de cité. Et ça va filer droit, faudra voir comment. 

 

# Les retraites et le changement

1995, Alain Juppé Premier ministre suscite des mouvements de colère immense avec sa réforme des retraites combinée à celle de l'assurance maladie. Il devra finalement reculer sur la première. "Ma réforme n'était pas prête, reconnaît-il ajourd'hui. J'ai reculé sur ce point et personne ne l'a faite depuis." Mais cette réforme, l'un des piliers de son programme présidentiel actuel, il pourrait la mener aujourd'hui. Car il a "changé", évidemment (et "les Français" aussi) :

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- Thomas Sotto : Pourquoi pourriez-vous la faire aujourd'hui ?



- Alain Juppé : Parce qu'aujourd'hui, les Français ont compris. Et parce que j'ai changé. J'ai compris qu'il fallait d'abord écouter, concerter, se mettre d'accord sur une réforme. Je pense que c'est possible parce que les Français ont compris aujourd'hui que le statu quo n'était pas possible.

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# Avec modération

Tourné vers le centre, Alain Juppé est ce qu'il convient d'appeler un homme de droite modéré. Trait de caractère dont il fait longuement l'éloge, interrogé par Raphaël Enthoven dans sa chronique La morale de l'info

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La modération est une vertu. Ce n'est pas une facilité comme on la présente souvent. Ça n'est pas aller vers la solution de la plus grande pente ou la plus facile, au contraire. Le plus facile, on le voit aujourd'hui - c'est pour ça que Montesquieu est moderne -, c'est le fanatisme, c'est l'excès. On voit le fanatisme se développer de tous les côtés. Donc retrouver le sens de l'équilibre, c'est ça pour moi la modération et c'est une véritable discipline intellectuelle, une véritable discipline personnelle. Et c'est pour ça, je pense, que c'est une vertu qui peut entraîner, qui peut créer une dynamique. 



[...] Dans la nature humaine, il y a quand même une propension à l'exagération, à l'excès, à la facilité, à l'outrance...

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Faut-il y voir une référence sympa-sympa à... disons Nicolas Sarkozy, au hasard ? Que nenni

 

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Je pense aux hommes en général, peut-être à moi-même parfois, mais je me domine, voilà ! (rires) Et donc je dis qu'il faut se consrtruire ce sens de l'équilibre et de la modération, qui n'est pas de la faiblesse, qui est au contraire le socle de la détermination et de la décision. [...] Je reste un homme de modération. Vous savez, chaque fois que je parle du vin de Bordeaux, je rajoute aussi 'à boire avec modération', là aussi c'est une vertu. Je dis que la seule chose dont on peut user sans modération finalement dans la vie, c'est l'amour, voilà. 

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Et poète, avec ça. 

Du rab sur le Lab

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