RETOUR SUR - Quelle position tient Jean-Marc Ayrault depuis le vote des lois Aubry instaurant les 35 heures en 1998 et 2000 ? Retour sur dix ans de sorties du Premier ministre sur la réduction du temps de travail, jusqu’à son "pourquoi pas ?" du Parisien, le 30 octobre 2012.
(Maxppp)
En 1998, l’Assemblée nationale adopte la première loi Aubry sur la réduction du temps de travail. Le 19 janvier 2000 intervient la deuxième loi Aubry, soutenue par l’ensemble du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, dirigé par Jean-Marc Ayrault. Après le "couac" sur le Pacs, la discipline est totale.
> 2002
Passé dans l’opposition, Jean-Marc Ayrault est reconduit à la tête du groupe socialiste à l’Assemblée. Face aux attaques de la droite sur les 35 heures et la volonté de François Fillon, alors ministre du Travail, de les assouplir, le maire de Nantes monte au créneau, jugeant "irresponsable" de revenir sur cette réforme :
Les Français vont vite se rendre compte que le gouvernement va revenir en arrière, avec ce projet de loi de démantèlement des 35 heures.
Toucher aux 35 heures, je trouve ça, pour des raisons idéologiques, tout à fait irresponsable.
(Maxppp)
> 2007
Alors que le gouvernement de Nicolas Sarkozy veut lancer ses premières réformes, dont un assouplissement des 35 heures, Jean-François Copé, patron des députés UMP invite la majorité à "se débarrasser du boulet des 35 heures".
Toujours patron des députés PS, Jean-Marc Ayrault lui répond :
Le déshabillage des 35 heures ne va pas habiller comme par miracle la feuille de paie.
> 2008
Face aux attaques incessantes de la droite sur la durée du temps de travail, Jean-Marc Ayrault prend de nouveau position, défendant cette réforme majeure du gouvernement Jospin.
Interviewé par Valérie Trierweiler, sur Direct 8, il explique :
Les 35 heures hebdomadaires, c’est une protection pour les salariés. (…)
Les 35 heures, ça fait comme un réflexe mécanique : "les 35 heures, c’est mal". (…)
Il ne faut pas y toucher. C’est à partir de là qu’on déclenche les heures supplémentaires, qu’on protège le salarié.
> 2008
A l’Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault et le groupe socialiste sont prêts à batailler pour défendre leur réforme. Le député et maire de Nantes lance alors :
La fin des 35 heures, c'est la fin de la durée légale du travail (...)
Nous passerons toutes les nuits blanches qu'il faudra à l'Assemblée pour empêcher le vote d'un tel projet.
Nous ne lâcherons rien. Notre opposition sera sans concession.
Malgré une opération d’obstruction et de guérilla parlementaire, le groupe PS, minoritaire, ne peut empêcher l’UMP d’assouplir les 35 heures.
> 2011
(Maxppp)
La bataille pour la primaire socialiste bat son plein. A contre-courant, Manuel Valls prône un "travailler plus et travailler mieux", aux résonnances sarkozystes. Dans cette optique, il propose de "déverrouiller les 35 heures".
Jean-Marc Ayrault lui rétorque qu’il est isolé au sein des députés socialistes :
A 99%, les députés PS, (nous) sommes pour le maintien de la durée légale du travail à 35 heures.
Les primaires ne sont pas le concours Lépine. Manuel Valls doit mettre son engagement au service de la réussite collective et non pas personnelle.
Nous assistons à un débat entre Jean-François Copé et Manuel Valls, qui ont rouvert le débat sur les 35 heures. Ils arrivent à dire la même chose.
> 2012
Le 30 octobre, devenu Premier ministre de François Hollande, Jean-Marc Ayrault n’exclut pas, dans le Parisien, l’idée d’ouvrir un débat sur un retour aux 39 heures hebdomadaires. Une sortie aussitôt démentie par… Jean-Marc Ayrault lui-même :
Il n'est pas question de revenir sur les 35 heures.