OPÉRATION DÉMINAGE - Les huées qui ont accompagné l'intervention d'Alain Juppé lors du meeting de Nicolas Sarkozy, samedi 22 novembre à Bordeaux, ne donnent pas vraiment l'image d'une UMP apaisée, une semaine avant la désignation de son nouveau président. L'ancien Premier ministre, qui recevait dans sa ville celui qui ambitionne de succéder à Jean-François Copé à la tête du parti, a été un brin chahuté alors qu'il évoquait la nécessité d'une "primaire ouverte" pour 2016 et "l'union de la droite et du centre". Ce dimanche, le camp Sarkozy dément toute idée de traquenard tendu au maire de Bordeaux.
Ainsi de Brice Hortefeux, lors du Grand Rendez-vous Europe 1 / I>Télé / Le Monde. Le plus fidèle des sarkozystes a *gentiment* rappelé qu'Alain Juppé jouait à domicile, samedi :
"Comment peut-on penser qu'il y un piège quand on s'adresse aux militants de sa propre région, de sa ville ?
[...] S'exprimer devant les adhérents et les sympathisants de sa ville, ça ne peut pas être considéré comme un piège, voilà.
"
Un commentaire qui fait écho à celui d'un proche de Nicolas Sarkozy dans Le Parisien, ce dimanche :
"On a tout fait pour l’accommoder, le choix de la salle, de la date, de l'horaire. C'est lui qui a choisi de parler des primaires et de l'ouverture au centre. Pas nous ! Parler de traquenard n'a aucun sens !
"
Laurent Wauiquiez, lui, assène dans les colonnes du JDD :
"Alain Juppé s'est confronté à la réalité du terrain.
"
Pour résumer, si Alain Juppé a vécu un moment difficile dans son fief, il ne peut s'en prendre qu'à lui-même. D'ailleurs, pour l'ancien ministre de l'Intérieur, ceux qui considèrent que Nicolas Sarkozy n'a rien fait pour calmer les militants qui houspillaient le local de l'étape, ont "mal suivi" le déroulé des faits. "Il a fait beaucoup plus, plus fort, a estimé Brice Hortefeux. Quand il est intervenu [au micro], il a rendu hommage à de nombreuses reprises à Alain Juppé. Il a dit une chose simple qui a été applaudie : il a dit qu'il aurait besoin d'Alain Juppé".
Et puis, des militants qui font connaître leurs sentiments en plein meeting, c'est finalement tout naturel, selon l'éternel ami de Nicolas Sarkozy :
"Les sympathisants, les adhérents, ce sont des Français comme les autres, ce ne sont pas des Martiens. Ça veut dire qu'ils ont des convictions. Quand ils sont d'accord, ils le disent et quand ils ne sont pas d'accord, ils l'expriment.
"
L'un dans l'autre, Brice Hortefeux trouve donc que ce meeting s'est très bien déroulé :
"J'en retiens une affluence considérable, une chaleur, un enthousiasme des adhérents, des sympathisants.
"
Pas sûr qu'Alain Juppé ait le même ressenti, même s'il explique au JDD de ce dimanche qu'il n'est "pas une âme sensible". L'entourage du maire de Bordeaux, de son côté, n'hésite pas à parler de "faute politique grave" de la part de Nicolas Sarkozy.