Bernard Debré en a ras la casquette des grondeurs de l'UMP. Il se retient d'être malpoli sur l'antenne de RFI ce 2 juin, mais on sent que quelques gros mots lui brûlent la langue. Contre qui le député UMP de Paris est-il très énervé ? Contre les protestataires du triumvirat Fillon/Juppé/Raffarin à la tête de l'UMP. Certaines voix se sont en effet élevées les jours précédents pour contester (comme l'annonçait le Lab en avant-première ) la légitimité juridique de ce trio de tête. Tout le monde en prend pour son grade.
Voilà ce qu'inspire à Bernard Debré la simple évocation de l'existence de contestataires à l'UMP :
"Qu'ils arrêtent ! Je vais vous dire très franchement, je veux pas être grossier, mais ils commencent à nous... [temps de réflexion] ennuyer. J'allais dire emmerder. Qu'est-ce que c'est que ces histoires ?
"
Bernard Debré règle ensuite leur compte à tous ceux qui doutent de la légitimité du triumvirat. Et n'y va pas de main morte.
> Nadine Morano, "pilotée par quelqu'un"
C'est, comme souvent, Nadine Morano qui l'ouvre la première, et avec force. En estimant que le triumvirat à la tête de l'UMP n'a "aucune légitimité" , la nouvelle députée européenne a mis les pieds dans le plat. Et cela a le don d'énerver Bernard Debré, qui attaque la légitimité personnelle de Nadine Morano :
"Nadine Morano, qu'elle se contente d'être député européen, elle n'avait aucun titre à l'être si ce n'est que c'est une récompense parce qu'elle a été battue, alors on la met là-bas ! Elle commence à nous casser les pieds !
"
Selon Bernard Debré, Nadine Morano est manipulée, et ne fait qu'obéir aux ordres. Il soupçonne Jean-François Copé :
"Par qui elle est pilotée ? Parce qu'elle doit être pilotée par quelqu'un. Alors est-ce que c'est Jean-François Copé qui dit 'vas-y, casse!'. Il veut casser l'UMP ? Si ça continue comme ça, on fera un autre parti politique...
"
[Edit 10h30] Sur Twitter, Nadine Morano réplique à Bernard Debré lui conseillant de "consulter un juriste". Elle rappelle également que la direction de l'UMP ne sera démissionnaire qu'au 15 juin.
Debré fait un mauvais diagnostic et apporte un mauvais remède qu'il aille consulter un juriste cela lui évitera de dire n'importe quoi
— Nadine Morano (@nadine__morano) 2 Juin 2014
Debré n'est pas membre du bureau politique statutaire de l'Ump. Je rappelle que personne n'a démissionné contrairement à ce que j'entends !
— Nadine Morano (@nadine__morano) 2 Juin 2014
> "Claude Guéant n'est rien"
Nadine Morano n'est pas la seule à en prendre pour son grade.
Lui aussi doute de la légitimité d'Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin et François Fillon à la tête de l'UMP. Une "autodésignation irrégulière" selon l'ancien ministre de l'Intérieur. Que Claude Guéant la boucle, selon Bernard Debré, puisqu'il "n'est rien" :
"Claude Guéant n'est rien. Il n'est rien. Il a été très proche de Nicolas Sarkozy, voilà ! Mais il s'est fait battre aux élections législatives. Tous ceux qui se sont fait battre nous donnent des leçons.
"
> Jean-François Copé, "incompétent ou complice"
Bernard Debré soupçonne Jean-François Copé de tirer les ficelles de Nadine Morano. Le député UMP de Paris revient sur le fond de l'affaire Bygmalion et tire une conclusion sans appel. Selon lui, quoiqu'il en soit, Jean-François Copé doit partir :
"Il y a monsieur Jean-François Copé qui était à la tête de l'UMP. Qu'il ait été au courant ou pas... Pardonnez-moi mais il va falloir me convaincre qu'il n'était pas au courant ! S'il était pas au courant de l'évaporation de plusieurs dizaines de millions, il faut qu'il s'en aille de toute façon !
Quand on est patron d'un parti politique et qu'il y a 11 millions qui disparaissent. Excusez-moi, il est incompétent ou alors complice ! Je le dis très clairement !
"
> Conclusion: qu'ils se taisent
Bernard Debré distille par la suite les arguments pro-triumvirat :
"La totalité de la direction démissionne. Alors quand Nadine Morano nous dit qu'on aurait pu mettre monsieur Luc Chatel... Mais il a démissionné ! Nous qu'est-ce qu'on veut ? C'est sauver ce qu'il y a à sauver, pas faire des histoires !
"
"L'été arrive, les voix vont s'éteindre, ça résonne moins sur les plages", relativise Bernard Debré comme pour se rassurer. Mais c'est mal parti: une plainte pourrait être déposée dans les jours à venir pour contester cette décision.