Bruno Le Roux en pleine démonstration de ses talents de commentateur sondagier

Publié à 10h50, le 30 janvier 2015 , Modifié à 10h55, le 30 janvier 2015

Bruno Le Roux en pleine démonstration de ses talents de commentateur sondagier
Bruno Le Roux © Captures d'écran RTL

LANGUE DE BOIS - Commenter les sondages est un passage obligé de l'activité d'un responsable politique. Mieux vaut donc savoir faire parler les chiffres à son avantage. Bruno Le Roux excelle dans ce registre, merci pour lui. 

Invité de RTL vendredi 30 janvier, le patron des députés socialistes, fervent soutien du gouvernement, était interrogé sur un sondage CSA pour la radio "toujours avec vous". Publié ce vendredi, ce sondage place Marine Le Pen en tête des intentions de vote au premier tour de la présidentielle, et ce quels que soient ses adversaires (entre 29% et 33% selon ses adversaires). 

Un sondage réalisé entre le 27 et le 29 janvier, alors que François Hollande bénéficie lui-même d'une spectaculaire embellie de sa popularité, les Français interrogés s'accordant à reconnaître la gestion des attentats par le chef de l'État. Or, au premier tour imaginé par ce sondage, il ne recueillerait que 19% des voix.

Voilà donc Bruno Le Roux chargé d'expliquer tout cela. "Nous ne sommes pas encore dans le temps de l'élection. Nous sommes dans le temps de l'action", élude-t-il d'abord de manière plutôt classique. Il poursuit : "Ce qui va permettre de faire baisser Marine Le Pen, qui est à un niveau très haut dans ce sondage, ce n'est pas le 7 et le 11 janvier. Ce n'est pas la tragédie et le sursaut. C'est les réponses que nous allons y apporter." Et ça tombe bien, puisque "le président de la République, encore hier toute la journée, depuis des semaines, consulte, prend des décisions, pour assurer de façon encore meilleure la sécurité des Français." Comprendre : ce sondage réalisé plus de deux ans avant l'élection ne veut rien dire et les mesures en cours d'adoption changeront la donne.

"Vous parlez d'un premier tour où [Marine Le Pen] est forte et vous ne parlez pas d'un second tour où elle ne gagne dans aucun cas de figure", rappelle ensuite Bruno Le Roux. Qui fait alors une digression sur les récentes menaces de Marion Maréchal - Le Pen envers le journaliste Gilles Leclerc, patron de la chaîne Public Sénat :

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Je pense que le Front national est un péril pour la République et que vous, les journalistes, êtes bien placés pour le savoir, avec les menaces par exemple qui ont été proférées à l'encontre de journalistes il y a encore quelques jours, par des responsables du Front national. Je parle de Marion Maréchal - Le Pen qui agresse des journalistes et là on voit véritablement ce qu'est le Front national. Donc quitte à faire un commentaire, je dis que pour l'instant les Français ne sont pas dans l'optique de vouloir le Front national pour diriger ce pays, ils ont raison.

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Balayés, les quelque 30% du premier tour : ce qui compte, c'est le second. Le président du groupe PS à l'Assemblée enchaîne : "Tout notre travail, c'est de faire en sorte que ce tiers des Français recule à partir de maintenant. Et il ne reculera qu'avec deux dimensions : le redressement économique qui doit se poursuivre et les valeurs républicaines qui doivent se renforcer dans chacune des parties de notre pays."

Autre angle d'attaque de Jean-Michel Aphatie : au second tour, Manuel Valls battrait Marine Le Pen avec 60% des intentions de vote, quand François Hollande n'obtiendrait qu'une victoire étriquée face à la présidente frontiste (51%-49%), toujours selon ce sondage. "Manuel Valls est un meilleur candidat que François Hollande", conclut le journaliste. Faux, rétorque Bruno Le Roux, qui sort sa dernière carte : en réalité, cette différence entre le président de la République et Manuel Valls, qui s'entendent par ailleurs à merveille, est fictive. Il explique :

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Je n'arrive pas à tirer ces conclusions. Je regarde le résultat du second tour, et je me dis que dans la période que nous venons de vivre, le président de la République et le Premier ministre sortent grandis, tous les deux, de cette période. Ils ont incarné la force de l'État et ils ont à incarner aujourd'hui pour les Français les réponses républicaines. Et il est vain de vouloir les opposer. Et comme ils ne sont pas les mêmes, ils n'ont pas les mêmes personnalités, eh bien ils ne partent pas du même point de départ dans ces sondages. On pourrait toujours se dire : 'Tiens, puisque nous ne trouvons pas sur le fond, dans les débats qui sont les débats du gouvernement aujourd'hui, à les opposer, essayons d'y mettre neuf points de sondage, pour faire en sorte que l'un puisse s'opposer à l'autre'.



C'est vain, mais c'est vain de penser à cela.

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"Le commentaire du sondage est un art que vous maîtrisez parfaitement", lui fait alors remarquer Jean-Michel Aphatie. "Pas du tout", rebondit Bruno Le Roux, dans un dernier exemple qui tient plutôt à valider l'analyse du journaliste. "Je vous dis simplement que vous n'avez pas trouvé, mais que vous ne trouverez même pas avec un sondage, une raison d'opposer le Premier ministre et le président de la République".

Tout cet échange est à retrouver dans cette vidéo de RTL :



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