VOUS AVEZ UN MESSAGE - Silencieux depuis le début de l’affaire Bygmalion, Guillaume Lambert a écrit aux Parquet de Paris, rapporte mardi 17 juin Le Figaro(article payant). Dans sa missive, l’ancien directeur de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy nie toute forme de financement illégal.
Selon Guillaume Lambert, les excès de dépenses durant la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy n’ont été évoqués avec Jérôme Lavrilleux qu’au cours d’un SMS, en date du 28 avril, soit une semaine avant le second tour. Voici son contenu tel que rapporté par Le Figaro :
"Jean-François [Copé] ne vient pas à Clermont, il y est allé la semaine dernière. Louer et équiper la deuxième halle est une question de coût. Nous n'avons plus d'argent. JFC en a parlé au PR [président].
"
D’après ce SMS, Jean-François Copé et Nicolas Sarkozy ont donc été mis au courant, au moins à la fin de la campagne, des excès de dépenses liées à l'organisation de cette campagne présidentielle. Ce qui ne veut pas dire qu'ils étaient informés des fausses factures. Jean-François Copé, lui, assure ne jamais avoir été mis au courant des surfacturations et des bidouillages de factures par son directeur de cabinet Jérôme Lavrilleux.
Dans sa lettre, Guillaume Lambert charge Jérôme Lavrilleux, sans toutefois l’accuser de manière explicite. Il note la proximité du directeur de campagne adjoint avec les prestataires chargés d’organiser les événements de la campagne présidentielle. Guillaume Lambert écrit :
"Je vois qu'il a une solide expérience, qu'il est celui qui assure la relation avec les différents prestataires, ce qui me conduira à me reposer sur sa connaissance d'un milieu qui m'est étranger. […] Je ne dispose dans les faits d'aucun pouvoir hiérarchique sur Jérôme Lavrilleux. Cette grande liberté ne retient pas mon attention car j'ai déjà fort à faire.
"
Si ce milieu lui est "étranger", Guillaume Lambert reconnaît néanmoins que des surcoûts ont été constatés dans l’organisation, et ce dès le début de la campagne présidentielle. Il affirme même avoir demandé à ce que l’on "se tourne vers un autre prestataire moins cher" qu’Event & Cie, la filiale de Bygmalion. Mais Jérôme Lavrilleux a posé son veto. Guillaume Lambert explique :
"Il a lié très clairement l'implication de l'UMP dans la campagne au fait de retenir Event commeprestataire exclusif.
"
Le 26 mai, l’avocat de Bygmalion, Patric Maisonneuve, avait reconnu que la société avait établi de fausses factures sous la contrainte de l'UMP au cours de la campagne présidentielle 2012 de Nicolas Sarkozy, pour masquer des dépassements de frais de la part du candidat de l'UMP, et pour un montant d'au moins dix millions d'euros.
Peu après, l’ancien directeur de cabinet de Jean-François Copé Jérôme Lavrilleux avait reconnu des "dérapages" financiers lors de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012, assurant que ni Jean-François Copé ni Nicolas Sarkozy n’étaient au courant.
Mardi 17 juin, Mediapart, sur la base de la comptabilité de Bygmalion, écrit que "le candidat Sarkozy a dissimulé presque 17 millions d'euros de frais de campagne aux autorités de contrôle en 2012". Le même jour, Jérôme Lavrilleux a été placé en garde à vue .