Comment Serge Dassault se faisait livrer du cash : un comptable suisse décrit comment il aurait remis au sénateur UMP du liquide par millions

Publié à 07h13, le 18 novembre 2014 , Modifié à 07h13, le 18 novembre 2014

Comment Serge Dassault se faisait livrer du cash : un comptable suisse décrit comment il aurait remis au sénateur UMP du liquide par millions
Serge Dassault. © Maxppp/Xavier de Torres.

Un comptable suisse, entendu début octobre par les juges enquêtant sur les soupçons d'achat de voix à Corbeil-Essonnes, leur a décrit comment, selon lui, il a remis pour 53 millions d'euros au maire et sénateur UMP de la ville, l'industriel Serge Dassault entre 1995 et 2002, révèlent ce mardi 18 novembre à la fois Libération et France Inter . Sollicité lundi soir par l'AFP, comme par les médias qui ont publié ces révélations, son avocat n'avait pas donné suite.

Le quotidien et la station de radio révèlent le procès-verbal d'audition dans lequel cet homme décrit le dispositif qui aurait permis à l'avionneur de recevoir à Paris de l'argent liquide depuis le Liechtenstein et la Suisse. Au centre du dispositif, une société financière genevoise, Cofinor, une chambre de compensation dont la spécialité était, selon une description faite il y a quelques mois auprès de l'AFP par un enquêteur, d'envoyer "où vous voulez dans le monde votre argent que vous lui remettez en Suisse".

Le liquide que Gérard Limat dit avoir apporté à Serge Dassault à Paris était initialement puisé sur des comptes au Liechtenstein, au Luxembourg ou en Suisse, avant d'arriver sur les comptes genevois de Cofinor. Dès lors, Gérard Limat, entendu les 6 et 7 octobre par les enquêteurs, décrit la suite du circuit qu'empruntaient ces fonds, selon les PV révélés par Libération et France Inter. 

"

Cofinor me donne un rendez-vous pas trop loin de l'Arc de Triomphe", le livreur "me remet un sachet en plastique +passe-partout+ (Carrefour, Dior, Fnac, etc.), lequel contient l'argent en numéraire entouré de papier journal. Ce n'était que des liasses de billets de 100 euros.

"

"Je ne voyais jamais l'argent puisque j'allais directement au rond-point" des Champs-Elysées, siège du groupe, "je montais dans le bureau de Serge Dassault, je posais le sac dans un coin de son bureau et immédiatement, on parlait d'autre chose", a raconté Gérard Limat aux enquêteurs.

Mis en examen pour complicité de financement de campagnes électorales et d'achat de votes et blanchiment, celui qui décrit Serge Dassault comme un "ami" n'établit pas de lien entre ces livraisons d'argent liquide et l'achat présumé de voix à Corbeil-Essonnes entre 2008 et 2012, objet de l'enquête des juges financiers.

Agé de 89 ans, Serge Dassault avait été mis en examen en avril pour "achat de votes", "complicité de financement illicite de campagne électorale" et "financement de campagne électorale en dépassement du plafond autorisé". S'il a reconnu des dons, Serge Dassault a toujours réfuté avoir acheté des voix d'électeurs lors des municipales de 2008, 2009 et 2010.

Du rab sur le Lab

PlusPlus