Les propos de Claude Bartolone sur la suppression du Sénat ont fait réagir.
Il ne pouvait en être autrement. Lors de la séance des questions au gouvernement au Sénat du 29 janvier, les propos de Claude Bartolone ont bien sûr été au centre des débats. Quatre rappels aux règlement ont été demandés, le tout faisant suite à une réunion des groupes parlementaires à 14h30.
C'est Bruno Retailleau, patron des sénateurs UMP, qui adresse en premier un rappel au règlement. Lors de son intervention, il critique fortement :
Les propos du Président de l'Assemblée nationale sont stupéfiants. [...] Claude Bartolone vient de rompre violemment l'union nationale en déclarant la guerre à une institution qui a le tort de ne pas être à gauche.
Une saillie relayée sur le compte Twitter des sénateurs UMP :
Monsieur #Bartolone ne supporterait-il pas la qualité du travail du #Sénat ? cc @Senat_Infopic.twitter.com/zKppffa9ct
— Sénateurs UMP (@senateursUMP) January 29, 2015
Le sénateur UMP souligne également la contradiction dans les propos de Claude Bartolone vis à vis du Sénat puisqu'il y a moins d'un an, ce dernier défendait la haute assemblée en expliquant rester convaincu "de l'utilité de la navette" :
Puis, c'est Jacques Mézard, président du groupe radical au Sénat, qui a souhaité adresser un autre rappel au règlement à Claude Bartolone.
Au Lab, un proche de Gérard Larcher reprend les propos de Bruno Retailleau sur la cohérence des paroles de Claude Bartolone :
Voilà un président de l'Assemblée nationale qui déclare sur une grande radio qu'il faut en finir avec le bicamérisme. Le même Bartolone qui déclarait en avril lors d'un colloque au Sénat que le bicamérisme était l'ADN de la démocratie. Il suffit donc que le Sénat passe à droite pour que ce ne soit plus le cas ?
Éliane Assassi, présidente du groupe communiste, a évoqué des propos "maladroits et regrettables". Jean-Pierre Sueur, figure du groupe socialiste, a également commenté l'intervention de Claude Bartolone :
Nous défendons le Sénat non pas parce qu’il s’agit de défendre de manière corporatiste une institution, mais parce que nous sommes profondément attachés au travail que nous y faisons, tous. Nous sommes profondément pour le bicamérisme. Si nous défendons le Sénat, ce n‘est pas pour défendre une institution mais pour défendre la loi.
Jean-Vincent Placé, sénateur écologiste, a également réagi aux propos du président de l'Assemblée nationale :
Nous devons répondre au président Bartolone que nous sommes utiles. Nous devons être exemplaires, transparents sur les comptes de la maison Sénat, des groupes politiques. […] Oui à l’unité, oui au Sénat, oui au bicamérisme ! Allons vers la rénovation du Sénat. C’est ça la bonne réponse à apporter au président Bartolone. Mais j'ai confiance dans la sagesse de Claude Bartolone. D'ailleurs il a déjà proposé une forme de fusion des deux assemblées. C'était peut-être pas le moment venu pour le redire
A l'inverse de Jean-Vincent Placé, un autre sénateur écologiste attaque, auprès du Lab, le président de l'Assemblée nationale en faisant référence à son livre, Je ne me tairai plus :
Son bouquin a fait un four, donc il essaie d'en refaire parler en ressortant cette proposition.
Enfin, c'est Gérard Larcher, président du Sénat, qui a répondu à Claude Bartolone en défendant le bicamérisme :
[Le bicamérisme] est plus qu'une liberté, c'est plus qu'un droit. Je crois que le Sénat est fondamentalement utile à la République, [notamment] dans des moments de crise et de désarroi.
C'est finalement Jean-Marc Todeschini, ancien sénateur et secrétaire d'État chargé des Anciens Combattants et la Mémoire qui a répondu pour le gouvernement en affirmant que la présence de nombreux membres du gouvernement prouvait "le respect" de celui-ci pour la chambre haute.
[EDIT 17h13] Ajout des déclarations du collaborateur de Gérard Larcher et du sénateur écologiste