Jean-Christophe Cambadélis accuse le porte-parole d'EELV de provoquer "une scission" au PS en proposant une primaire ouverte aux "socialistes non orthodoxes"

Publié à 16h43, le 29 janvier 2015 , Modifié à 09h53, le 30 janvier 2015

Jean-Christophe Cambadélis accuse le porte-parole d'EELV de provoquer "une scission" au PS en proposant une primaire ouverte aux "socialistes non orthodoxes"
Jean-Christophe Cambadélis et Julien Bayou © Montage Le Lab via AFP

HORS-LIMITES - L'union nationale a semble-t-il vécu. S'il y avait déjà quelques signes avant-coureurs, ce 29 janvier aura probablement mis un coup d'arrêt définitif à la concorde nationale qui prévalait depuis les attentats de début janvier. Les affrontements politiciens font donc un retour remarqué, notamment entre le Parti socialiste et certains responsables écologistes.

En l'occurrence, Jean-Christophe Cambadélis s'en prend au porte-parole d'EELV, Julien Bayou, qu'il accuse d’œuvrer à la défaite de la gauche en 2017. Dans une tribune publiée ce jeudi par le Huffington Post, celui qui est également conseiller régional d'Ile-de-France réitère sa proposition, déjà formulée au mois d'août, d'organiser une "primaire de l'espoir". Une pré-sélection avant la présidentielle à laquelle seraient invités, outre EELV, le Front de Gauche, Nouvelle Donne et... les "socialistes non orthodoxes"

Car selon Julien Bayou, les frondeurs du PS, mais aussi les "militants et leaders socialistes déçus des politiques gouvernementales", ont "toute leur place" dans cette primaire alternative. L'élu écolo, plutôt classé à la gauche du parti présidé par Emmanuelle Cosse, les appelle même à "rompre les rangs". Il écrit :

Une primaire de l'espoir qui sera ouverte aux composantes du Front de Gauche, à nos amis de Nouvelle Donne et à [...] Europe-Écologie. Mais surtout une primaire ouverte aux mouvements citoyens qui veulent contribuer à forger une nouvelle offre politique et civique. Ce processus ne sera pas un processus 'contre', animé par l'aigreur et le ressentiment, mais un processus 'pour', adossé à une envie positive de changement. Voilà pourquoi nous devons l'ouvrir sans exclusive. Je le dis clairement, nos camarades socialistes frondeurs y ont toute leur place, et leur participation est même déterminante. Allez au bout de vos audaces. Le temps des petits calculs de congrès est révolu. Menez vos débats, mais au bout du chemin, rompez les rangs et construisez une autre perspective politique. Cet appel à une primaire de l'espoir s'adresse aussi à vous, militants et leaders socialistes déçusdes politiques gouvernementales. Ecologistes, communistes, socialistes non orthodoxes, simples citoyens désireux de changer les choses, mettons nous en mouvement. 

Et de citer nommément un certain nombre de "leaders" qui doivent "prendre [leurs] responsabilités" : Cécile Duflot, Pierre Laurent, Jean-Luc Mélenchon, Pierre Larrouturou, mais aussi Benoît Hamon, Christiane Taubira et Arnaud Montebourg. Cette union à gauche doit, argumente Julien Bayou, permettre "une rupture avec la logique mortifère de la division"

Or, la réponse de Jean-Christophe Cambadélis est la suivante : "La machine à diviser, ça suffit !". C'est le titre d'un communiqué de presse publié par le patron du PS en début d'après-midi. "Camba" y fustige une "attitude irresponsable" de Julien Bayou, qui "propose une scission dans le Parti socialiste" avec ce qu'il rebaptise les "primaires de la radicalité" :

Julien Bayou propose ni plus, ni moins, une scission dans le Parti socialiste pour organiser les primaires de la radicalité.Cette attitude est irresponsable.
D'abord parce qu'elle offre le spectacle lamentable de politiques obnubilés par l'élection présidentielle. Ensuite, au moment où le pays est uni pour la sécurité et la République, c'est réintroduire le ferment de la division. Enfin, c'est un accroc inadmissible dans l'union de la gauche dans un moment où l'enjeu n'est pas la division, mais l'union pour faire face au danger frontiste et au retour de la droite.



La gauche divisée, c'est la gauche éliminée.

Alors certes, la question de l'appartenance (ou non) des Verts à la majorité gouvernementale est légèrement compliquée, le parti étant clairement divisé sur le sujet. Exemple flagrant cette semaine : alors que Jean-Vincent Placé, Barbara Pompili et François De Rugy s'affichaient ostensiblement, mercredi, aux côtés de Manuel Valls pour ses vœux aux parlementaires de la majorité, une autre partie de leur formation propose ce jeudi de débaucher des socialistes pour choisir un candidat alternatif à gauche pour 2017...

[Edit 20h10]

La tribune de Julien Bayou ne suscite visiblement pas l'enthousiasme général à Europe Écologie - Les Verts. En témoignent ces tweets signés de Sandrine Rousseau, elle aussi porte-parole d'EELV, d'Éric Loiselet, membre du bureau exécutif du parti et de Françoise Diehlmann, vice-présidente du groupe EELV à la région Ile-de-France :

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