Députés PS exclus de leur commission par Bruno Le Roux : frondeurs et légitimistes jouent leur partition médiatique

Publié à 16h45, le 30 septembre 2014 , Modifié à 17h35, le 30 septembre 2014

Députés PS exclus de leur commission par Bruno Le Roux : frondeurs et légitimistes jouent leur partition médiatique
Laurent Baumel, Christian Paul et Jean-Marc Germain / Annick Lepetit et Bruno Le Roux. © Montage via Maxppp

Au fond de la salle des quatre colonnes, Annick Lepetit jure ses grands dieux qu'aucune "sanction" n'a été prise contre les frondeurs. Sur sa gauche, cinq mètres plus loin, Laurent Baumel raconte tout le contraire. Scène de rentrée parlementaire ce 30 septembre dans les couloirs de l'Assemblée nationale. Une rentrée marquée par la désormais traditionnelle opposition entre frondeurs et légitimistes, alimentée par la décision de Bruno Le Roux de priver 7 députés rebelles de leur place en commission .

Face à cette annonce, chacun joue sa partition médiatique. Au Lab, l'information a été ébruitée par les deux camps. Les frondeurs s'offusquent d'une décision qui vise à les "empêcher de débattre en interne". Le camp Le Roux fait passer en off le message d'un président de groupe qui montre les muscles tout en évitant officiellement d'attiser les tensions.



Chaque rôle est connu. Ce mardi, lors de la conférence hebdomadaire du groupe PS, Annick Lepetit joue celui de la légitimiste entonnant l'air officiel du "il ne se passe rien d'exceptionnel". La guerre ouverte avec les frondeurs ne doit pas être lancée :

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Chaque année il y a un roulement dans les commissions. Certains députés demandaient telle ou telle commission depuis deux ans, c'était le moment de changer. Il y a eu 26 changements sur 289 députés, dont 7 ne correspondent pas au choix souhaité.

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Pas question d'utiliser les expressions "sanction" ou "décision subie" mais le message ne dupe personne. En langue plus policée cela donne dans la bouche d'Annick Lepetit :

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Le roulement a eu lieu avec un critère, celui du respect de nos règles collectives. (...) Il y va de la loyauté du groupe, du respect des décisions prises. (...) Ce ne sont pas des sanctions ! Si les sanctions avaient été basées sur l'abstention [lors du vote de confiance, ndlr], ils auraient été plus nombreux ! [à être exclus de leurs commissions, ndlr]

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Des propos mesurés tirés tout droit du mail envoyé par Bruno Le Roux aux députés de son groupe pour expliquer sa décision. Mail que s'est procuré le Lab et dans lequel on peut lire :

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La nouvelle composition reflète tout à la fois l’ambition de réussir l’intégration des nouveaux arrivants et de satisfaire des demandes parfois anciennes de députés présents depuis 2012. (...) Le respect de nos règles collectives, enfin, a été un critère de choix.

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Retour à l'Assemblée. A quelques mètres de la députée de Paris, Laurent Baumel, chef de file des frondeurs, non concerné par les changements de commission, est dans le costume de l'indigné. Il entonne l'air de la répression :

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On peut discuter du mot "purge" mais pas du mot "sanction" ! C'est un fait objectif : on impose une décision à quelqu'un contre sa volonté. (...) C'est un geste de Bruno Le Roux vis-à-vis de sa frange dure, il montre que la fronde n'est pas totalement impunie sans aller trop loin. Et il est possible qu'il récompense les gens loyaux dans le même temps.

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Sur Twitter, Jérôme Guedj - privé d'Assemblée depuis que François Lamy a repris sa place de député, mais toujours frondeur - en fait de même :



La décision de Bruno Le Roux de viser les frondeurs est évidente mais pas frontale. Sept d'entre eux doivent changer de commission sans leur accord mais d'autres abstentionnistes restent à leur place, y compris des leaders de fronde comme Pascal Cherki ou Laurent Baumel.

Mais l'acte est symbolique. Et l'entourage d'un autre frondeur de promettre au Lab qu'il ne compte pas s'arrêter de gronder :

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S’ils pensent qu’en nous empêchant de débattre en interne, ils vont nous pousser à la faute pour nous virer, ils n’y arriveront pas. On ne se laissera pas faire. Le débat est bloqué en interne, ils veulent nous pousser à le faire en externe alors qu’ils ne cessent de répéter qu’il faut débattre en interne seulement.

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Du rab sur le Lab

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