Des heures supplémentaires dans la police pour lutter contre le terrorisme : les ministres moquent la proposition de Sarkozy

Publié à 10h44, le 22 janvier 2015 , Modifié à 13h24, le 22 janvier 2015

Des heures supplémentaires dans la police pour lutter contre le terrorisme : les ministres moquent la proposition de Sarkozy
© images France 2, Europe 1 et France info.

N'IMPORTE NAWAK - Les heures sup' proposées par Nicolas Sarkozy pour répondre à la menace terroriste font doucement rigoler les membres du gouvernement actuel. Invités des matinales ce 22 janvier, les ministres Michel Sapin et Stéphane Le Foll estiment que l'ancien président de la République ne s'est pas montré "à la hauteur des enjeux" la veille au soir lors de son interview au JT de France 2. Il y a affirmé que les 2.680 créations d'emplois sur 3 ans annoncées par Manuel Valls seraient trop tardives avant de proposer de "rétablir les heures supplémentaires dans la police", le tout dans l'idée d'accélérer la mobilisation des forces de l'ordre.

Sur France info ce jeudi, le ministre des Finances Michel Sapin moque ce qu'il présente comme une mesure de bon sens déjà en application :

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Il faut que nous soyons tous au niveau dont ça s'est passé, et au niveau de la façon dont les Français ont réagi (...). Je ne pense pas qu'aux yeux des Français, dire qu'il suffit d'augmenter le nombre des heures supplémentaires des policiers apparaisse absolument à la hauteur des enjeux. (...)



Vous croyez que les policiers ou les gendarmes ne font pas des heures supplémentaires en ce moment ? Évidemment ils sont extrêmement mobilisés. (...) Bien entendu, il y a des moments de bourre où il faut y aller et des heures supplémentaires, ils ne rechignent pas à en faire !

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Invité d'Europe 1, le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll dit ne même pas comprendre la proposition de Nicolas Sarkozy puisque les policiers réalisent déjà des heures sup' :

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Alors là je m'interroge car je pense que dans la police il y a déjà énormément d'heures supplémentaires. (...) Qu'est-ce qu'à voulu proposer Nicolas Sarkozy (...) ? Je ne comprends pas cette proposition. Les heures supplémentaires existent et en même temps on sait que pour couvrir l'ensemble du champ sur le renseignement, la traduction, l'analyse, on a besoin de compétences, de personnes.



Je ne comprends pas que dans ce débat où on doit être à la hauteur des enjeux, on soit dans un jeu de postures, de chamailleries (...) !

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La veille au soir, le président de l'UMP a estimé que les renforts annoncés par Manuel Valls ne pourraient être effectifs dans l'immédiat "puisqu'il faut deux années pour former un gardien de la paix". Il a alors fait cette proposition de "rétablissement" des heures sup'. Elle doivent, selon lui, engendrer "4.000 équivalents temps plein de plus tout de suite ".

Une proposition encore très floue ce 22 janvier au matin puisque Nicolas Sarkozy n'a pas précisé les modalités de ses heures sup'. Ces dernières existent déjà dans la police mais ont la particularité d'être traditionnellement compensées par des jours de récupération, et non par une rémunération supplémentaire. Des jours de repos bien difficiles à prendre au vu des effectifs restreints et des besoins d'heures de service.

En juillet 2013, la Cour des comptes avait épinglé ce dispositif, estimant qu'un stock de 19 millions d'heures à récupérer s'était accumulé au fil des années , représentant l'équivalent d'un demi-milliard d'euros.



[Edit 13h00] Dans un communiqué, l'UMP défend la proposition de son président. Le secrétaire national à la sécurité Bruno Beschizza dit s'étonner que Michel Sapin - qu'il appelle ministre du Budget alors qu'il est ministre des Finances- "ignore que les heures supplémentaires qu'effectuent les services de police, à l'exception des CRS, ne donnent lieu qu'à récupération sous forme de repos et non à une indemnité". Un système qui, contrairement à ce que propose Nicolas Sarkozy, fait qu'un fonctionnaire qui travaille "une heure de plus à un moment donné, devra travailler une heure de moins à un autre moment". (Lorsque ces temps de repos sont respectés, comme expliqué ci-dessus.)

Bruno Beschizza reproche au gouvernement d'avoir supprimé en 2012 la possibilité d'exercer un "service supplémentaire" indemnisé. De fait, après une vague d'heures indemnisées entre 2011 et 2012, la Cour des comptes avait opéré un rappel à l'ordre car ces indemnités n'avaient pas été versées de manière régulière.

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