Deux sénatrices plaident pour une harmonisation de l’enregistrement des lobbyistes

Publié à 17h03, le 16 mai 2014 , Modifié à 06h40, le 19 mai 2014

Deux sénatrices plaident pour une harmonisation de l’enregistrement des lobbyistes
© Maxppp.

"Je n’ai aucun problème avec le lobbying, qui est légitime, mais il faut que ce soit plus transparent", plaide Chantal Jouanno. Vendredi 16 mai, dans le cadre d’un colloque au Sénat sur l’éthique dans la vie publique, organisé par les sénatrices Nathalie Goulet et Chantal Jouanno, les liens entre lobbys et parlementaires se sont invités dans le débat.

"On est soumis à des lobbys très nombreux, bien plus qu’avant. Des amendements ou des questions écrites pré-rédigés, c’est récent", témoigne de son côté Nathalie Goulet alors que l’ancienne déontologue de l’Assemblée nationale, Noëlle Lenoir, également présente, souligne le "succès modéré" du rapport Sirugue, du nom du député PS président de la Délégation chargée des représentants d’intérêts et des groupes d’études au sein du Bureau de l’Assemblée nationale.

Ce rapport a entraîné, en juin 2013, de nouvelles conditions d’inscription sur le registre des représentants d’intérêts ainsi que de nouvelles conditions d’accès et de circulation des lobbyistes au sein du Palais Bourbon. Les deux sénatrices à l’origine du colloque, interpellées par l’une des personnes chargées des relations institutionnelles de BNP Paribas, se sont dites favorables à une harmonisation au niveau du Parlement, Sénat compris, avec "un enregistrement unique".

Une avancée que soutient Noëlle Lenoir, qui a laissé sa place de déontologue, en avril à Ferdinand Mélin-Soucramanien et qui raconte son expérience auprès des parlementaires qui, s’ils sont favorables à plus de transparence, n’en ont pas encore les réflexes :

Ce n’est pas évident d’être déontologue, même à l’Assemblée qui est un endroit civilisé. J’ai fait 300 consultations en un an et demi avec les parlementaires. Les cadeaux ? C’est un échec car ils n’ont pas été déclarés. J’ai l’exemple d’une délégation de députés partie à l’étranger. Un seul a signalé avoir reçu en cadeau une serviette Hermès. Mais il ne devait pas être le seul…

Députée socialiste et présidente de la commission des Affaires sociales, Catherine Lemorton s’est quant à elle faite comme spécialité de dénoncer ces cadeaux offerts par des lobbys aux élus. Sa méthode : tweeter ces cadeaux et rendre publiques les démarches des représentants d’intérêts auprès des députés.

Face à ces témoignages, lors de ce colloque autour de l’éthique, Chantal Jouanno a émis son souhait "d’aller plus loin sur les rendez-vous que nous avons" :

Nous sommes ensevelis de demandes de rendez-vous et on ne sait pas lesquels sont représentatifs. Il faut plus de transparence sur les personnes que nous rencontrons, au sein du groupe ou individuellement.

Une nécessité, selon les intervenants de ce débat, car, comme l’explique Noëlle Lenoir, "ce qui est public doit écarter le soupçon".

[BONUS TRACK] De la violence en politique

Alors que le sujet de la violence en politique était abordé, notamment à l’Assemblée nationale, Chantal Jouanno révèle ce qu’on lui a dit lors de ses premiers pas à la Chambre haute :

Quand je suis arrivée au Sénat, on m’a dit que la moquette était rouge et épaisse. Rouge pour ne pas voir le sang, et épaisse pour ne pas entendre les corps tomber.

Du rab sur le Lab

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