I REST MY CASE - Gêné par les affaires, Nicolas Sarkozy ? Sur la scène des meetings qu'il donne depuis l'annonce de sa candidature à la présidence de l'UMP, l'avocat de formation s'évertue surtout à les retourner en sa faveur.
Devant les militants, l'ancien chef de l'État use sans retenue de ses ennuis judiciaires comme argument électoral, jouant la carte de l'homme harcelé par la justice.
Nouvel exemple lundi 6 octobre, à Vélizy, pour son troisième meeting de candidat. D'après Libération, il a expliqué que les différentes affaires qui l'entourent avaient "beaucoup renforcé [sa] détermination". Au point de devenir une véritable motivation pour redescendre dans l'arène :
Si on voulait que je reste tranquille dans mon coin, fallait pas agir comme ça !
Et puis il y a le gimmick du Sarkozy nouveau :
Qui me rendra mon honneur ?
"Nous, nous", répondent en chœur les militants. "Naturellement", il n'est "pas au-dessus des lois". "Mais je n'ai pas l'intention d'accepter d'être en-dessous", se plait-il à rappeler. Et de glisser sur le registre comique, moquant l'intérêt que lui portent les juges :
Je suis très heureux de donner du travail à tant de gens. Mais dans le fond, je me dis : 'la sécurité en France ça va très bien, hein'. Parce que si on a que moi comme délinquant, vous pouvez laisser vos enfants sortir !
Rires de la salle. Sifflets, aussi, lorsqu'il évoque sa mise sur écoutes, ses "discussions les plus intimes avec [sa] famille" interceptées par les enquêteurs.
"La politique, ça ne peut pas être la boue tout le temps", a-t-il ajouté lundi, avant de s'en prendre à Mediapart et à l'un de ses journalistes, sans le nommer (Fabrice Arfi ? Edwy Plenel ?) :
Une personne qui se présente comme journaliste et dont je ne cite même pas le nom va de plateau en plateau pour se faire de la publicité sur un faux grossier. Ça s'appelle un État de droit ?
Une phrase qu'il avait déjà prononcée, quasiment mot pour mot, lors de son meeting dans la banlieue de Troyes le 4 octobre (à partir d'1h30 sur la vidéo).
Conclusion, sur une nouvelle touche d'humour :
Si demain il y a une agression à Vélizy monsieur le maire, j'étais à Vélizy mais c'est pas moi !
Là encore, il avait fait presque exactement la même blague à Troyes (à 1h37 sur la vidéo).
Le Monde révèle mardi 7 octobre une nouvelle affaire potentiellement inquiétante pour Nicolas Sarkozy. Une "affaire d'État", écrit le quotidien, qui tourne autour de contrats signés en 2010 entre la France et le Kazakhstan, d'un montant de près de 2 milliards d’euros. "Ces marchés, comprenant la fabrication de 45 hélicoptères par Eurocopter, sont susceptibles d’avoir donné lieu au versement en France de rétrocommissions", précise Le Monde, qui détaille ensuite le rôle supposé de l'ex-président de la République dans cette affaire :
Nicolas Sarkozy est lui-même soupçonné d’avoir fait pression en 2011 sur le Sénat belge, à la demande du président kazakh, afin d’adoucir le sort judiciaire d’hommes d’affaires d’origine kazakhe poursuivis en Belgique… et de permettre la conclusion de ces mirifiques contrats. Deux intermédiaires et une avocate niçoise ont été mis en examen en septembre dans ce dossier, suspectés d’avoir permis le versement d’importantes rétrocommissions. Le "Kazakhgate" n’en est, sur le plan judiciaire, qu’à ses débuts.