Eric Piolle, maire EELV de Grenoble et fondateur-actionnaire d'une société spécialisée en gestion des risques financiers aux clients basés dans des paradis fiscaux

Publié à 20h40, le 06 juillet 2014 , Modifié à 13h04, le 07 juillet 2014

Eric Piolle, maire EELV de Grenoble et fondateur-actionnaire d'une société spécialisée en gestion des risques financiers aux clients basés dans des paradis fiscaux
Le maire EELV de Grenoble Éric Piolle © MaxPPP

Il avait fait campagne en promettant d'exclure les banques en lien avec les paradis fiscaux, mais est lui-même actionnaire d'une société ayant des clients basés, notamment, aux îles Caïman, selon les informations du Lab.

Eric Piolle, maire Europe Ecologie-Les Verts de Grenoble, qui a notamment fait alliance avec le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon pour remporter la ville en mars dernier (LIEN), possède des parts dans Raise Partner, une société qui ne correspond pas forcément aux idéaux que l’on imagine être ceux d'un écologiste à la gauche de la gauche.

C'est l'UMP locale qui a mené l'enquête, et qui met en ligne ces informations . Elle a découvert au tribunal de commerce de Grenoble l'existence de cette société, co-fondée par Eric Piolle, et spécialisée dans la gestion de risques financiers à destination des professionnels du secteur. En gros: pour toute entreprise financière ayant placé de l'argent en bourse, Raise Partner a des logiciels permettant de limiter la casse et d'investir là où les profits seront les plus juteux.

L'UMP-Grenoble précise que Raise Partner possède une filiale à Londres ainsi qu'à Singapour, et assure que, selon elle, elle vend ses "logiciels miracles" à des clients basés à Guernesey et aux Iles Caïman, paradis fiscaux par excellence.

Dans son programme de candidat à la mairie de Grenoble, Eric Piolle se voulait pourtant très, très ferme face aux paradis fiscaux. Il assurait même qu'il exclurait de Grenoble les banques en lien avec ces pays (engagement 64 ici) :  

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La Ville exclura les établissements bancaires concernés par des activités directes ou indirectes dans les paradis fiscaux de ses contrats de prêts. Comme l’ont initié de nombreuses régions françaises, la Ville demandera un rapport annuel sur leurs activités aux établissements bancaires avec qui elle contracte des prêts.

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Contacté par Le Lab ce dimanche 6 juillet, Eric Piolle assure qu'il n'y a rien de contradictoire là-dedans. S'il confirme avoir co-fondé la société, il tempère également en assurant ne disposer que de 900 actions sur un total de 100.000, conformément à sa déclaration de patrimoine.

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J'ai été assez actif de 2001 à 2003, mais j'ai levé le pied depuis.

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Le maire de Grenoble présente d’ailleurs Raise Partners comme une entreprise servant plutôt la régulation financière que la maximisation des profits :

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C'est une société qui sert à identifier les risques. Elle travaille effectivement pour aider les professionnels du secteur à mesurer les risques, qui est une problématique réelle de la finance. Raise Partners travaille aussi avec les régulateurs européens sur la nouvelle directive européenne Mifid.

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Eric Piolle assure qu’il n'était pas du tout au courant que la société dont il est toujours actionnaire avait certains clients basés aux Caïmans ou à Guernesay.

Mais cela ne le choque pas outre mesure :

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Je ne regarde pas leurs clients. J'ai une chemise, je pense que toute la chaîne de production n'est pas située en France...

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Et relativise l’importance de l’information :

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Moi en tant que maire de Grenoble j'ai aussi des prestataires que je fais travailler, comme des entreprises du BTP ou des banques qui ont des filiales dans les paradis fiscaux... C'est un combat contre les paradis fiscaux qu'on mène, que j'ai porté personnellement fortement.

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Edit 7 juillet, 9h00 : l'opposition réagit

L'opposition municipale à Eric Piolle n'aura pas tardé à réagir à cette information. Interrogé par le Dauphiné Libéré , le patron de l'UMP locale, Mathieu Chamussy, accuse Eric Piolle de double discours :

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Il y a tout de même un gros décalage entre le discours public et les actes privés et c’est en cela que c’est choquant. […] M. Piolle s’érigera un peu moins en donneur de leçons. Ce serait de bon goût. Au fait, que pensent de tout cela les élus mélenchonistes de sa majorité ?

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Le PS, représenté par Jérôme Safar, en tout cas, ne goûte que très peu ces informations :

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Personnellement, je considère qu’il y a eu tromperie sur la marchandise.

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Du rab sur le Lab

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