LES MOTS JUSTES - Invité de BFMTV ce 26 février, Manuel Valls a défendu les propos tenus quelques jours plus tôt par François Hollande devant le Crif. Le président de la République y reprenait l'expression "Français de souche" , concept jusqu'alors surtout employé dans les mouvances d'extrême droite. Son Premier ministre le soutient et estime qu'on lui fait un "faux procès" :
"C’est un faux procès qu’on fait au président de la République. Il a tout simplement voulu dire - et je crois qu’il a bien fait de le dire - après les déclarations du président du Crif Roger Cukierman, qu’il n’y avait pas, comme ça a été dit, que de jeunes de confession ou de culture musulmane qui avaient commis des actes antisémites et il faisait référence à la profanation de ce cimetière en Alsace.
Il a prononcé les mots qui s’imposaient pour bien faire la distinction et pour qu’il n’y ait des amalgames.
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Le 23 février, lors de son discours devant le Crif, François Hollande avait expliqué que l'antisémitisme n'avait "pas de limite" et pouvait aller "jusque dans les cimetières pour aller tourmenter les mémoires". Il s'était alors référé à la profanation du cimetière juif de Sarre-Union dans le Bas-Rhin quelques jours plus tôt, profanation commise par un groupe de jeunes :
"J'étais également la semaine dernière à Sarre-Union, dans ce cimetière dévasté par de jeunes lycéens, Français de souche comme on dit, ignorants au point de ne pas avoir vu les écritures en Hébreux dans ce cimetière, inconscients pour ne pas avoir remarqué les étoiles de David mais à ce point intolérant pour renverser le monument dédié aux victimes de la Shoah.
"
Une manière pour lui de souligner que les auteurs étaient bien des Français d'origine française. Mais une manière également de reprendre un concept surtout manipulé par l'extrême droite, ce que plusieurs membres de son propre camp n'ont pas manqué de critiquer avec virulence . Le même jour, le président du Crif avait créé la polémique en déclarant que "toutes les violences sont aujourd'hui commises par des jeunes musulmans". A en croire Manuel Valls, donc, François Hollande a voulu, en reprenant le concept de "Français de souche", s'opposer aux amalgames de Roger Cukierman.