C'est un véritable mea culpa à l'égard de François Bayrou, ainsi qu'une ouverture au centre, qu'a réalisé Jean-Marie Le Guen ce 23 octobre dans Le Club de la presse sur Europe 1. Allant encore plus loin que Manuel Valls, qui a regretté une nouvelle fois l'absence de main tendue au leader du MoDem après la présidentielle, le secrétaire d'Etat a dénoncé une "faute morale et politique" dans le fait de n'avoir pas vu que le centre faisait partie de la majorité en 2012 :
"Ça a été une faute morale et une faute politique.
Une faute morale car j’estime que François Bayrou avait été très loin dans la critique de Nicolas Sarkozy et dans l’engagement pour faire élire François Hollande. Une faute politique car on essayait de se travestir nous-même, de s’autoconvaincre, que c’était la seule et unique victoire de la gauche et du Parti socialiste. Le mécanisme électoral et les institutions font effectivement qu’on a même eu l’image de cela
La réalité politique du pays était différente.
Je pense que c'est sur ça qu'il faut commencer à revenir.
"
Dans les faits, Jean-Marie Le Guen refuse aujourd'hui de considérer que la victoire de François Hollande était le seul fait de la gauche et en appelle à la construction d'une "maison commune" très vaste pour répondre à l'UMP et au Front national :
"Les gaullistes, les centristes ont leur place aux côtés des socialistes et des écologistes pour construire une maison commune de la République et faire évoluer la France.
"
Le secrétaire d'Etat veut ainsi croire que la décision de François Bayrou de soutenir Alain Juppé pour la prochaine présidentielle n'est "pas "irréversible" et rappelle que depuis 2008, de nombreuses municipalités font travailler dans la même majorité des socialistes et des élus MoDem. D'où cette question : "pourquoi nous n'avons pas accepté que l'idée et la présence de François Bayrou (...) ne serait pas quelque chose à prendre en considération ?"
Il refuse en revanche de mettre cette "faute morale et politique" sur le dos de François Hollande et vise une décision du Parti socialiste "qui a décidé de considérer que François Bayrou n'avait pas autre chose qu'un rôle tactique".