La petite leçon d'autorité signée François Hollande lors de son interview du 14 juillet

Publié à 16h01, le 14 juillet 2014 , Modifié à 06h19, le 15 juillet 2014

La petite leçon d'autorité signée François Hollande lors de son interview du 14 juillet
François Hollande (Capture d'écran France 2)

Dans son interview du 14 juillet sur TF1 et France 2, François Hollande a fait preuve d’un optimisme certain. On l’a vu ici. Il a surtout voulu montrer que le chef, c’est lui, et pas les autres, qu’ils soient Premier ministre, députés frondeurs, syndicalistes ou président du Medef. C’est bien compris ? Au cas où, le chef de l’État l’a rappelé au travers d’une formule succincte :

Ce qui fait un président, c’est son autorité. Elle doit être rappelée à chaque fois qu’il est nécessaire.

C'était donc nécessaire, ce 14 juillet. Et, pour étaler son autorité, François Hollande s’y est pris de plusieurs manières.

>> Je, je, je

Pour faire preuve d’autorité, le meilleur moyen est de se placer au cœur de l’action. Pour cela, le président a multiplié l’usage de la première personne du singulier. Au Lab, on est *un peu* fort en mathématiques et on a compté : en 38 minutes d’interview, le président a utilisé 134 fois le pronom "je", soit une fois toutes les 17 secondes en moyenne.

"J’ai fait", "je veux", "je", "je", "je"… François Hollande a centré son discours sur lui-même.

>> Je décide

Les syndicats qui boudent la conférence sociale ? Les frondeurs qui s’abstiennent lors du vote du projet de loi de réforme rectificative de la sécurité sociale ? Pas de problème. Ça ne change rien : le chef, c'est toujours François Hollande et il l'a dit au travers d’une formule déjà entendue au cours d’une interview présidentielle du 14 juillet :

Je décide.

D’accord : contrairement à Jacques Chirac en 2004, François Hollande ne parlait pas de l’un de ses ministres mais du "dialogue" social. Les paroles pour Manuel Valls, c’est un peu plus tard. "Il n’y a pas de différend entre le ministre des Finances et moi. [...] Je décide et il exécute", avait déclaré Jacques Chirac en 2004 à propos de Nicolas Sarkozy. 

>> No problemo

Qui peut penser qu’il y a le moindre désaccord entre le président et le Premier ministre ? Pas François Hollande en tous cas. "S’il y avait le moindre différend, il n’y aurait pas de possibilité pour agir", a-t-il prévenu. Il a même ajouté :

Vous pensez que je nomme un Premier ministre, que je l’ai choisi pour qu’il fasse une politique que je ne voudrais pas ? […] Si j'ai choisi Manuel Valls c'est parce qu'il met de l'efficacité, il met de l'organisation et il met aussi de la rapidité.

Donc là, c’est clair.

>> Coucou Pierre Gattaz

Certains l’accusent de faire des cadeaux au patronat. Pas du tout. S’il a volontiers parlé d’un "soutien aux entreprises", François Hollande a aussi prévenu : l’aide de l’État attend une contrepartie.

C’est un pacte. On n’a pas toujours les mêmes idées, on n’a pas les mêmes intérêts, sauf que je suis responsable de l’ensemble. C’est un pacte. Les entreprises, elles doivent faire maintenant ce à quoi elles se sont engagées. Je ne vous rappelle pas ici les badges qui ont été portés.

Les badges ? Ah oui, François Hollande doit faire référence à celui qu’arbore régulièrement le président du Medef Pierre Gattaz et sur lequel est écrit : "1 million d'emplois".

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