La réponse de Hollande à Le Pen, Zemmour et Sarkozy: "faire éclater Schengen, ce serait reculer "

Publié à 18h51, le 15 décembre 2014 , Modifié à 18h54, le 15 décembre 2014

La réponse de Hollande à Le Pen, Zemmour et Sarkozy: "faire éclater Schengen, ce serait reculer "
François Hollande © Capture d'écran LCP / Public Sénat

C'était un discours attendu. Lundi 15 décembre, François Hollande a parlé d'immigration, sujet ô combien compliqué pour le président socialiste. Le chef de l'État s'y est résolu. "C'est une réponse à Le Pen, à Zemmour et à une partie de la droite, dont les dirigeants se sont tous servis de ce thème", commente un proche du président au Monde.

Au musée de l'histoire de l'immigration, François Hollande a donc loué l'apport des populations étrangères dans l'histoire française. "La France est un vieux pays d'immigration, l'un des plus vieux pays d'immigration d'Europe, a-t-il commencé. Évoquer l'histoire de l'immigration, c'est évoquer l'histoire de France. C'est l'histoire."

Alors François Hollande a donc loué l'immigration, "le produit de nos propres nécessités pour répondre aux besoins de notre pays".

Mais le président de la République ne s'est pas limité à juste vanter les mérites de l'immigration. Il a aussi visé les "démagogues" qui, de tous temps, ont voulu attiser les haines. Il a dit, suivez son regard :

La présence de personnes étrangères a toujours suscité, et à toute les époques, de l'inquiétude, de la peur, de l'appréhension, surtout quand aux différences de langue, de culture, s'ajoute une différence de couleur et de religion. Il y a toujours eu des démagogues pour les attiser, pour utiliser les manquements aux règles communes, qu'il faut déplorer, pour justifier alors le rejet, pour démontrer qu'il y en a qui ne s'assimileront jamais. L'exploitation des questions migratoires, jusqu'à la tragédie, n'est donc en rien une nouveauté. […]



Les étrangers sont toujours accusés des mêmes maux : venir prendre l'emploi des Français, de bénéficier d'avantages sociaux indus, quand bien même les études les plus sérieuses montrent qu'ils contribuent d'avantage aux comptes sociaux qu'ils n'en bénéficient. Ce sont toujours les mêmes préjugés, les mêmes suspicions, qui sont invariablement colportés. Mais le fait nouveau, et nous devons le regarder en face, c'est la pénétration de ces thèses dans un contexte de crise qui parait interminable.

Il ne la cite pas mais François Hollande vise clairement Marine Le Pen ou du moins la popularité croissante du Front national – et aussi Éric Zemmour dont le livre Le suicide français est un succès en librairies. À plusieurs reprises, il a donc répondu à ceux qui s'inquiètent qu'à terme "la France ne soit plus la France". Mais ils n'étaient pas les seuls visés.

François Hollande a – longtemps – défendu Schengen. Et ses mots ne pouvaient pas ne pas viser un Nicolas Sarkozy qui appelle à l'envi à une refonte de ces accords. François Hollande a dit :  

Notre frontière, c'est Schengen. Cet accord est né de la volonté de remplacer des contrôles aux frontières nationales, qui n'avaient plus d'efficacité, par des coopérations uniques et sans précédent en termes de liberté, de sécurité et de justice. Et on voudrait faire éclater Schengen ? C'est assez facile. Personne ne sait exactement ce qu'est Schengen. Peut-être que certains croient que c'est un personnage dont il faudrait rechercher au plus vite l'identité et la personnalité pour le traduire en justice. […]



Faire éclater Schengen ? Faire disparaitre Schengen ? Mais ça serait reculer, ça serait aboutir à rétablir des frontières, pays par pays. Peut-être est-ce pour créer des emplois que certains nous font la proposition. Mais enfin, généralement ce ne sont pas les fonctionnaires qui justifient leur sentiment les plus doux et les plus accommodants".

Bon, ok, François Hollande s'est *un peu* emmêlé les pinceaux sur la fin. Mais sa défense de Schengen, y compris lorsqu'il a proposé d'en améliorer le fonctionnement, visait bien la droite, extrême ou non. 

Du rab sur le Lab

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