Laurent Fabius "espère" que certains chefs d'État présents dimanche 11 janvier iront "dans le sens de plus de libertés"

Publié à 11h30, le 12 janvier 2015 , Modifié à 11h39, le 12 janvier 2015

Laurent Fabius "espère" que certains chefs d'État présents dimanche 11 janvier iront "dans le sens de plus de libertés"
Laurent Fabius à l'Élysée le 5 janvier 2015 © MARTIN BUREAU / AFP

PIROUETTE - L'image restera dans l'histoire, mais la présence de certains sur la photo a fait polémique. Dimanche 11 janvier, une cinquantaine de chefs d'État et de gouvernement étrangers ont défilé à Paris, en hommage aux victimes des attentats qui ont frappé la France la semaine dernière. Partout en France, la défense de la liberté d'expression et de la presse, particulièrement visées à travers les assassinats de journalistes, dessinateurs et chroniqueurs de Charlie Hebdo, étaient au cœur des cortèges.

Autour de François Hollande, certains dirigeants présents dimanche ne sont pourtant pas particulièrement célèbres pour leur défense de ces deux principes. Le Premier ministre hongrois Victor Orban, le président gabonais Ali Bongo, le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu... FranceTvInfo a fait la liste de ces personnalités controversées, rappelant pour chacun d'entre eux un certain nombre d'"entorses" à la liberté de la presse. 

Invité lundi 12 décembre de France Inter, Laurent Fabius n'a pas échappé aux questions sur ce sujet. En tant que chef de la diplomatie française, le ministre des Affaires étrangères rappelle qu'il a été "aux premières loges de l'organisation" de ce rassemblement de responsables internationaux.

"Comment justifier la présence d'Ali Bongo ou de Victor Orban par exemple ?", lui demande le journaliste. Laurent Fabius explique la difficulté pour la France, dans ce contexte, de "refuser" la présence de certains :

Lorsque la manifestation de dimanche a été décidée, nous avions deux jours, deux jours et demi pour la préparer. Nous avons eu beaucoup de demandes qui ont été faites de dirigeants étrangers, de venir en France ; on ne peut pas les refuser. Et puis nous avons, par les ambassadeurs, fait savoir à certains pays que nous serions encore plus honorés que leurs principaux dirigeants viennent. Et c'est l'agrégation de tout ça qui a fait le cortège d'hier.

Mais que répondre à ceux qui jugent que "l'esprit de la manifestation a été volé", insiste son interlocuteur. Laurent Fabius tente alors une pirouette. Le ministre se veut "optimiste", arguant que "l'esprit général de défense des libertés prévalait" dans ce rassemblement, ce qui "peut-être incitera [certains dirigeants présents] à aller dans le sens de plus de libertés" :

Je pense - je ne veux pas donner de noms en particulier, chacun peut avoir son sentiment - que l'esprit général de la défense des libertés prévalait, et d'une certaine manière, ayons une interprétation optimiste. Ou bien on a pu juger et ce qui était important c'était le contraste entre la cause générale et les personnalités qui étaient présentes ; ou bien, et c'est là où je suis optimiste, peut-être que ça les incitera à aller dans le sens de plus libertés.

Et d'ajouter, masquant difficilement sa difficulté à croire à son propre discours : "Je suis comme Léon Blum : je le crois parce que je l'espère".

Pour sa première interview matinale depuis son élection à la tête de l'UMP le 19 novembre, Nicolas Sarkozy a pris les choses sous le même angle. Sur RTL ce lundi, l'ancien chef de l'État a expliqué :

S’agissant de l’ensemble des invités de Hollande à la manifestation, je crois qu’il a eu raison d’inviter les représentants de l’Arabie saoudite, Monsieur Orban…Ça permettait, y compris à des gouvernements avec qui nous ne sommes pas d’accord, de voir ce qu’il se passe en France.

"Paris est aujourd'hui la capitale du monde", disait François Hollande. Reste à savoir si, comme "l'espère" Laurent Fabius, d'autres suivront son exemple. 

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