Laurent Fabius versus Arnaud Montebourg : l'imbroglio du commerce extérieur, jour 2

Publié à 10h43, le 03 avril 2014 , Modifié à 06h39, le 04 avril 2014

Laurent Fabius versus Arnaud Montebourg : l'imbroglio du commerce extérieur, jour 2
En février 2013, à l'Elysée (photo MaxPPP)

Le commerce extérieur doit-il être abordé sous l'angle diplomatique, ou, à l'inverse, économique ? Le gouvernement Valls est, pour le deuxième jour consécutif, ce jeudi 3 avril, totalement incapable de répondre à la question, qui a déjà provoqué une journée d'aller-retours entre Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, et Arnaud Montebourg, ministre de l'Economie, qui se disputent tous les deux la tutelle de ce portefeuille ministériel. 

L'absence de décision est telle que la transition qui devait être organisée ce jeudi entre Nicole Bricq et Arnaud Montebourg a même été reportée sine die, annonce l'Agence France Presse, un peu avant 11h30, citant "un fonctionnaire de Bercy (...) qui a demandé l'anonymat".

L'AFP écrit que le premier ministre devra tranché ce point :

Le Premier ministre, Manuel Valls, doit trancher entre Bercy et le Quai d'Orsay qui se disputent tous deux le commerce extérieur.

En attendant, la question devient également gênante pour les ministres interrogés sur le sujet, qui veulent éviter d'accréditer l'idée du "premier couac du gouvernement Valls" (selon le titre d'une dépêche de l'AFP, mercredi 2 avril) ... mais révèlent surtout le flou qui règne sur la question.

Ainsi, Stéphane Le Foll, nouveau porte-parole du gouvernement, interrogé sur Europe 1, explique-t-il :

Je ne vais pas commenter tout ça. <br /> La seule chose que je sais, c'est que le commerce extérieur est un enjeu, je l'ai vu pour ce qui me concerne en agroalimentaire. C'est du domaine de l'international.

Ca, ça voulait plutôt dire un rattachement au Quai d'Orsay. Mais le ministre ajoute aussitôt un bien plus ambigu :

Maintenant...

Michel Sapin, colocataire d'Arnaud Montebourg à Bercy, où il devient ministre des Finances quand le second est ministre de l'Economie, adopte exactement la même posture : dire qu'en toute logique, le portefeuille doit revenir au Quai d'Orsay, tout en ménageant la possibilité inverse. 

Voilà son petit cours, sur France Inter

D'abord, expliquer que l'enjeu diplomatique est fort :

Ca c’est un débat très important. C’est un débat entre l’action à l’extérieur, la représentation de la France à l’extérieur, le rôle des ambassadeurs et de l’ensemble des fonctionnaires français à l’extérieur, dans l’accompagnement des entreprises. Bien entendu, le Quai d’Orsay doit être à l’offensive. Une diplomatie moderne, c’est une diplomatie qui s’occupe de la paix, qui s’occupe des relations avec les uns et les autres, qui s’occupe des difficultés qu’il peut y avoir en Afrique ou en Ukraine mais en même temps une diplomatie moderne, c’est une diplomatie qui se préoccupe de la place de la France. Là aussi, vendre plus à l’extérieur.

Avant d'expliquer qu'Arnaud Montebourg est tout à fait légitime pour intervenir sur le dossier :

Mais c’est aussi la responsabilité au sein de notre ministère, au sein de Bercy, d’Arnaud Montebourg.

Plus surprenant, Michel Sapin suggère que le règlement du dossier se fera sans arbitrage du chef de l'Etat ou de son premier ministre :

Ces questions seront réglées, comme toutes questions de cette nature, par les deux ministres concernés, Arnaud Montebourg et Laurent Fabius.

On attend le dénouement avec impatience.

Du rab sur le Lab

PlusPlus