RABAT-JOIE - Les manifestations de joie sur la voie publique lors des mariages, c'est comme les manifs. C'est en tout cas par cet argument que Julien Aubert, député UMP du Vaucluse, entend promouvoir la lutte contre les noces trop bruyantes et voyantes. L'élu en a marre des "débordements" lors de ces célébrations et vient donc de déposer une proposition de loi visant à les encadrer et punir les actes qui troubleraient l'ordre public lors de ces événements.
Dans l'exposé des motifs de son texte, l'élu du Vaucluse estime que "de trop nombreux mariages font l’objet de débordements sur la voie publique, ne respectant ni le code de la route, ni le 'vivre ensemble'". Julien Aubert part donc en guerre contre toute une série de "comportements" qui, à l'en croire, "exaspèrent la population" :
"Stationnements anarchiques, obstruction de la voirie, dépassements dangereux, conduite en sens interdit, excès de vitesse, passagers assis sur les portières de voiture, usage abusif du klaxon, et autres tapages diurnes sont bien souvent le lot de célébrations de mariage.
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Julien Aubert poursuit : "Les autorités locales et les forces de sécurité se trouvent démunies, ne pouvant prévoir ni le nombre de personnes invitées ni les manifestations prévues afin de célébrer le mariage". Mais lui a une solution toute simple : transposer aux mariages le "droit applicable en matière d’organisation d’un événement ou d’une manifestation sur la voie publique".
Dans son esprit, il faudrait donc traiter les mariages comme les manifs ou autres défilés sur la voie publique. Voici comment Julien Aubert entend lutter concrètement contre ces "débordements" :
"En instaurant une déclaration préalable de rassemblement sur la voie publique à l’occasion d’un mariage auprès de la mairie de la commune où celui-ci aura lieu.
Cette déclaration devra comporter les noms, prénoms et domicile des futurs époux, le lieu, la date, l'heure du rassemblement des invités, leur nombre et l’itinéraire éventuel du cortège.
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Et l'élu UMP n'oublie pas non plus de proposer des sanctions adéquates en cas de non-respect de ces nouvelles règles :
"A l’instar de toute manifestation sur la voie publique, les époux-organisateurs seront tenus responsables des troubles à l’ordre public causés par leurs invités. De plus, si aucune déclaration préalable n’a lieu dans les sept jours qui précèdent les événements, les époux se verront appliquer une contravention de deuxième classe.
De même, tout trouble à l’ordre public causé dans le cadre d’un rassemblement sur la voie publique à l’occasion d’un mariage sera puni d’une contravention de cinquième classe.
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Sa proposition de loi rappelle une mesure polémique prise par le député-maire UMP de Nice, Christian Estrosi, fin mai 2012. Le premier édile de la ville avait alors pris un arrêté municipal interdisant les manifestations de joie trop bruyantes au cours des cérémonies civiles. Un arrêté qui imposait aux futurs époux de signer une "charte de bienséance".
Dans le viseur de Christian Estrosi à l'époque : les cris, sifflets, "drapeaux notamment étrangers" et autres groupes de musique "folklorique". L'opposition et les organisations de lutte contre le racisme avaient alors vivement protesté, jugeant ce texte discriminatoire et ciblant les communautés d'Afrique du Nord et d'Afrique subsaharienne, comme le rappelait France 24 à l'époque.