Le deuxième Premier ministre

Publié à 18h30, le 01 avril 2014 , Modifié à 20h03, le 01 avril 2014

Le deuxième Premier ministre
Manuel Valls à Matignon (Reuters)
Image Olivier Duhamel

Olivier Duhamel

Dans le choix du Premier ministre, il y avait une sorte de loi non écrite de la Vé République presque toujours respectée :

>> Le premier Premier ministre, celui choisi après l’arrivée à l’Élysée, était différent du Président, doté d’un poids politique propre.

De Gaulle choisit Debré, homme politique doté de fortes convictions, républicain de droite.

Pompidou désigne Chaban-Delmas, réformateur proche du centre gauche.

Giscard opte pour Chirac, UDR et non giscardien.

Mitterrand nomme Mauroy, incarnation du socialisme municipal, et naguère soutien de Rocard.

Chirac préfère Juppé, très fourni en autorité.

Sarkozy retient Fillon, identifié séguiniste et gaulliste social.

>> Le deuxième Premier ministre était au contraire un affidé,  souvent moins politique, toujours supposé très discipliné.

Pompidou venait de la banque, et avait été directeur de cabinet du Général.

Messmer incarnait l’obéissance militaire.

Barre : pas un politique, mais un professeur d’économie.

Fabius : un fils spirituel de Mitterrand.

Villepin : le secrétaire général de l’Élysée.

>> François Hollande fait tout le contraire.

Avec Jean-Marc Ayrault, il opte pour un Premier ministre redondant, pas un Premier ministre différent. Du Président, Ayrault semble avoir tous les défauts, pas toutes les qualités. Mais il en possède deux qui, pour Hollande, l’emportent en mai 2012 sur toutes les autres : la loyauté, l’absence d’ambition personnelle.

Et comme deuxième Premier ministre, il choisit le modèle du premier. Valls est marqué politiquement, à la droite du PS. L’obéissance n’est pas sa qualité première. Et même lorsqu’il essaye, il ne peut dissimuler son ultime ambition : le pouvoir suprême.

Par rapport aux socialistes qui ont gouverné avant lui, Mitterrand et Jospin, Hollande avait déjà fait les choses à l’envers sur le fond : d’abord la rigueur, dans un second temps la redistribution.

Dans le choix de ses Premiers ministres successifs, il se démarque aussi de tous ces prédécesseurs.

La première originalité a conduit au désastre électoral.

La suite de l’histoire dira si la seconde permet de remonter la pente. 

Du rab sur le Lab

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