"SOCIÉTÉ INHUMAINE" - Comme tous les politiques depuis 24 heures, Jean-Marie Le Guen a été amené, jeudi 4 septembre sur Radio Classique et LCI, à commenter Merci pour ce moment, le livre de Valérie Trierweiler sorti en librairies ce jeudi. Un livre dans lequel l'ex-première dame donne à voir des aspects méconnus de la personnalité de François Hollande, qui selon elle n'aimerait pas les pauvres, qualifiés de "sans dents".
Embarrassé et visiblement peu désireux, comme de nombreux autres responsables, de commenter cet ouvrage, le secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement a d'abord estimé que face à ce récit, "nous sommes pris en otage en quelque sorte. Si nous parlons pour dire ce qui pourrait être notre répulsion devant cette impudeur, nous alimentons, et si nous ne parlons pas, évidemment, la réponse est un peu courte".
Mon sentiment, je sais qu'en disant ça c'est peut-être une conception un petit peu surannée de la politique que je vais défendre, mais je sais qu'en rentrant dans ce jeu, on est hors du cercle de la raison et on abîme la démocratie.
Jean-Marie Le Guen, qui n'a "pas toujours été l'ami de François Hollande", trouve toutefois, comme Ségolène Royal, que le portrait que Valérie Trierweiler dresse du président de la République n'est "absolument pas conforme" à la personne qu'il connaît.
La conversation avec son intervieweur, Guillaume Durand, s'élargit alors à la question de "l'effacement de la vie privée" dans la société. Alors que le journaliste lui fait remarquer qu'il s'agit là d'un "problème politique" et "mondial", "un déballage qui n'existait pas" quand Jean-Marie Le Guen a commencé sa "carrière de parlementaire", ce dernier abonde et évoque le scandale de photos personnelles de stars nues, qui ont fuité sur internet dimanche 31 août :
Mais vous avez parfaitement raison. C'est un problème pour nous tous parce qu'on affiche partout... Je voyais il y a deux jours les photos du Cloud qui ont été volées… D'abord je ne comprends pas, très sincèrement, je dois être très vieux jeu, je ne sais pas. Est-ce qu’on est obligés de se prendre soi-même en photo dans des situations un petit peu intimes, je ne sais pas.
Le secrétaire d'État fait ensuite un commentaire d'ordre plus général sur l'exposition de la vie privée dans l'espace public :
On voit des jeunes adolescents qui, dès qu'il y a une rupture, voient toute leur vie privée… Ça veut dire qu'on est condamnés à la solitude, que la confiance n'est plus là. On prépare une société inhumaine !
Et donc je suis un peu sidéré des conséquences terribles pour la démocratie, pour l’esprit de raison, pour la construction, pour la vie en société, que peut avoir cet effacement de l'intimité. C’est un phénomène majeur que l'on a à travers cet événement mais que nous avons d'une façon générale sur la manière dont, aujourd'hui, toute notre intimité est exposée. Surtout les jeunes, parce que ma génération fait un peu moins de selfies et un peu moins de Facebook, mais la manière dont on s'expose et la manière dont on est exposé est absolument incroyable.