Les premières heures d'Anne Hidalgo, maire de Paris et rescapée de la gauche

Publié à 05h24, le 31 mars 2014 , Modifié à 05h26, le 31 mars 2014

Les premières heures d'Anne Hidalgo, maire de Paris et rescapée de la gauche
Anne Hidalgo le 30 mars 2014 (Maxppp).

REPORTAGE - Elle l'avait pourtant promis. Mais Anne Hidalgo ne dansera pas le flamenco ce soir, devant les quelques centaines de ses partisans réunis place de l'Hôtel de Ville pour célébrer sa victoire. La première femme maire de Paris veut montrer qu'elle a la victoire modeste, alors qu'à quelques kilomètres de là, la banlieue parisienne a perdu de son rouge.

Alors que dans tout le pays, la gauche prend une sacrée claque, et que personne ne le conteste, Anne Hidalgo parle aux Parisiens qui l'ont désignée première des leurs, et son mari l'écoute sans rien dire. Lui qui, quelques minutes plus tôt, se confiait au Lab sur la campagne "excellente" menée par celle qui partage sa vie. De ses yeux ronds et toujours un peu hagards, Jean-Marc Germain estime qu'Anne Hidalgo a fait un sans-faute :

C'était la candidate parfaite. Elle a fait une excellente campagne. Anne a eu cette capacité à réagir immédiatement, dès qu'un problème se présentait, et toujours dans les 24 heures.

Jamais vraiment sûre de sa victoire, Anne Hidalgo aurait, selon son mari, évité là bien des embûches :

C'est ce qui a manqué à Lionel Jospin en 2002, savoir réagir quand il le fallait, et tout ça sereinement. Si elle avait fait la moindre erreur, elle aurait été laminée par vous les journalistes.

En tribune, seule Anne Hidalgo prendra la parole. Bertrand Delanoë la rejoint pourtant après son discours, mais celle qui lui succède ne lui tendra pas le micro. Et certains à gauche ne manqueront pas de le noter, y voyant le signe d'une émancipation totale et désormais complète. Son équipe, qui confirme que Bertrand Delanoë avait prévu de prendre la parole, minimise, et met en avant des raisons de timing. Lorsqu'elle remonte dans les salons de l'Hôtel de Ville, Anne Hidalgo passe de longues minutes à embrasser tout le monde.

"Olé !", lui lance la chorégraphe Blanca Li, fidèle parmi les fidèles. Embrassades, câlins, mots de félicitations: on sent le sourire de la nouvelle édile se faire plus naturel, moins crispé : après deux ans de campagne, elle peut souffler. Elle qui, le soir du premier tour, s'est emportée contre "ce gouvernement de branquignoles", sait bien qu'elle fait partie des rares à gauche à sauver les meubles. Et le choix du lieu de célébration n'est d'ailleurs pas un hasard, comme le confirme au Lab une membre de l'équipe de campagne :

C'est inédit de fêter la victoire dans les salons de l'Hôtel de Ville. D'habitude ici, c'est morne, il y a trois petits fours et c'est fini. Ce soir, on sent qu'on a envie de rester entre nous, au chaud. Peut-être qu'on n'a pas vraiment envie de voir ce qui se passe à l'extérieur. Mais demain matin, on se réveillera, et on verra bien...

Dans cette prestigieuse maison, les lustres sont éclairés de rose, comme l'écharpe fétiche qu'elle aura arboré pendant toute sa campagne. Le champagne coule à flots, la musique emplit l'espace mais Anne Hidalgo choisit de s'isoler avec ses proches. Retourner dans son bureau de Première adjointe. Le Lab parvient à passer les barrages de sécurité en faisant mine de faire partie des murs. Arrivé devant la porte du bureau où s'est réfugiée la nouvelle maire de Paris, à quelques mètres du but, Jean-Marc Germain débarque et fait comprendre que sa femme aimerait être tranquille. On la comprend, on obtempère.

Du rab sur le Lab

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