C'est une peau de banane lancée depuis Lille vers La Rochelle. Et c'est Martine Aubry qui en est l'instigatrice, Manuel Valls en étant le destinataire, quelques minutes après sa sortie de train. Selon les informations du JDD, la maire de Lille va appliquer dans sa ville l'encadrement des loyers, une mesure pourtant détricotée par Manuel Valls la veille. Quelques minutes plus tard, un communiqué de presse tombe: Martine Aubry annonce qu'elle demande à Manuel Valls d'appliquer cette mesure dans sa ville.
Si elle n'a pas le pouvoir de l'appliquer unilatéralement, Martine Aubry met Manuel Valls dans une situation délicate. Voici le communiqué de la maire de Lille, dans son intégralité :
Lille a besoin d'une régulation de ses loyers. La loi Alur le permet.
Hier, le Premier Ministre a annoncé que cet encadrement des loyers serait appliqué à titre expérimental à la seule ville de Paris.
Mais Paris n'est pas la seule ville de France à avoir besoin d'une régulation de ses loyers.
Nous souhaitons que Lille, malheureusement reconnue comme la troisième ville la plus chère de France, puisse également encadrer ses loyers.
Il est bien sûr exact, pour reprendre les termes utilisés par le Premier Ministre, que 'les conditions techniques ne sont pas partout réunies' pour fixer dès maintenant dans les agglomérations les plus tendues de notre pays des loyers locaux de référence. Comment pourrait-il en être autrement quelques mois à peine après l'adoption de la loi Alur ?
À Lille, depuis plus d'un an maintenant, nous travaillons en anticipation des obligations légales.
Plus que jamais, nous sommes déterminés à faire aboutir ce travail, car notre ville a cruellement besoin d'un dispositif national lui permettant de réguler localement ses loyers et de les rapprocher des capacités financières réelles de ses habitants, tout en préservant la rentabilité des investisseurs.
Nous demandons que, comme Paris, Lille et d'autres villes volontaires bénéficient de l'encadrement des loyers prévus par la loi Alur dans le respect de l'engagement 22 de François Hollande.
Dans la foulée, Martine Aubry reçoit un soutien de poids, en la personne de Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale, interrogé par le Figaro :
Cela ne me dérangerait pas du tout que l'on laisse une marge de manœuvre aux élus locaux.